Loco'J - A Dios le pido, Mama.

CHAPITRE I : Pourquoi est-ce qu'il est né, ce con?

- Miguel : Putana, Dolores! T'es fière de toi, conasse? On est même pas mariés, on s'connaît même pas assez, et tu vas m'foutre un enfant sur le dos? C'est pas possible, il est pas de moi, non, non! Mierda! Pourquoi est-ce qu'il est né ce con?

- Dolores : Mais Miguel, tu sais très bien que je..

- Miguel : Calla té, puta! J'veux plus t'entendre, tu m'fais chier! Tu m'fais chier, putain! T'es une de ces salopes avec qui j'ai couché dès le premier soir et t'es plongée dans ton trip en croyant qu'on va rester ensemble, merde! Va t'faire carrer un doigt dans ton fion, salope!

Ca, c'était le jour où ma mère a annoncé l'truc à ce salaud.

12 Mai 1989. Putain, j'ai galéré ce jour-là, Mama et moi, j'devrais dire. Putain, c'qu'on a galéré! On étaient au San José Medical Center, un hosto situé dans les quartiers chauds de Los Santos, au Nord. Mama avait pas les moyens d'se payer l'accouchement dans ces grands hostos qu'on regardait de tout bas. Elle était dans une de ces putains de robe bleue qu'on met à toutes ces femmes comme pour signifier la venue d'un malheur par un rituel. Elle écartait ses jambes et l'aut' con fourrait ses pattes dans son trou. Perversité ou appel du devoir? J'en ai aucune idée, en tout cas, plus y la doigtait, mieux j'arrivais à sortir donc bon, j'allais pas m'plaindre. Ca a duré 5 bonnes et grosses heures, en tout et pour tout, et ce salaud s'était même pas pointé, même pas 5 minutes. On devinait qu'il était encore affalé dans son bar miteux où y s'fesait des filles autre que Mama. Elle en avait conscience mais qu'est-ce qu'elle aurait dit, merde? Quand j'ai réussi à sortir, on m'a laissé m'reposer quelques temps. J'ressemblais à un truc visqueux couvert de sang qui savait déjà à quoi s'attendre. On va dire que j'ai d'abord été chouchouté, gâté, et rendu heureux par Mama avant que je n'apprennes à vivre à mes dépends. J'avais un super bon pote, malgré nos âges, j'crois qu'on lisait dans les pensées de chacun vu qu'on pouvait pas broncher. Y s'appelait Manolo. Dix ans plus tard, on était toujours aussi proches que le jour où on s'est connus, et j'savais que j'pouvais compter sur lui.

CHAPITRE II : Apprend à vivre à tes dépends, Joe.

Eh ouais, j'avais 10 ans, j'étais dans l'année de mes 11 ans, et j'étais aussi autonome qu'un colosse de 32 ans. J'étais réputé dans le quartier pour être le gosse qui relevait tous les paris, les plus fous et les plus cons, mais aussi réputé pour être le gosse qui savait t'obliger à me respecter avec un mot doux et un poing dans la gueule, ce qui m'a valu le surnom de Loco'J. Depuis le temps, on avait formé not' p'tit groupe à nous, pour faire comme les grands qui avaient des flingues, sauf qu'à la place de la dope et des guns, on avait des cailloux et d'la farine pour faire nos crêpes. On devait apprendre à vivre à nos dépends. Y'avait pas mal de monde qu'on connaissait dans l'quartier, et on s'agrandissait à chaque fois :

- Moi-même, Joey Navarro, alias Loco'J, 13 ans maintenant, j'étais le leader.
- Manolo Alvarez, alias Manu, 13 ans lui aussi, c'était mon bras-droit, si on veut.
- José Pabuerto, alias El Terror, 11 ans, un gamin lunatique.
- Antonio De LaFuente, alias Big'Toni, 13 ans, un obèse qui ne pensait qu'à lui-même.
- Alberto Vasquez, qui trouvait pas de blaze parce qu'il était l'intello de la bande, il pensait pas à ces conneries, 12 ans.
- Nelson Monteiro, alias Freeze, 13 ans, un gros dur, celui-là.

On était 5 et on fesait régner la terreur infantile dans not' cité. Plus on grandissait, plus ça devenait sérieux. Quelques années plus tard, on était devenus des pré-hommes, si on veut, et on comprenait dans quoi on avait fourré les pattes. Chacun d'entre nous était responsable et on voulait faire quelque chose de sérieux dans notre vie, mais le milieu dans lequel on vivait ne nous permettait pas ces p'tits caprices. J'décidai alors de mettre fin au groupe gamin qu'on avait monté et j'étais allé voir les types qui s'baladaient dans la rue avec une crosse qui dépassait de leur baggy et un bandana cloîtré sur la face. Vu mon âge, j'me fis vite intégré à leur système et ça allait bien pour moi..Enfin, presque..




Ce jour-là, on revenait tous de la messe. Ouaip, on étaient vraiment très catholiques, même si c'qu'on fesait n'était pas pareil. J'étais crevé, j'ai enfoncé la porte de ma chambre et j'me suis jetté sur mon lit. Même pas 10 minutes après, y'a Carlo qui s'pointe. Carlo, c'était un type bien qui avait jamais demandé à tomber dans cette merde, mais y l'a finit par s'adapter à ça. Y s'est pointé dans ma chambre, une batte de base-ball accrochée dans le dos, et m'a ordonné de sortir de ma baraque. Y m'guidait vers l'arrière-cour de la cité, là où la rumeur disait qu'il y'avait des cadavres de nègros en permanence. J'crois que c'était moi qu'ils attendaient. Y étaient 10, en comptant Carlo là-dedans Carlo a prononcé quelques mots en espagnol à l'attention de Maestro, le chef des activités du quartier, puis y'a eu un p'tit discours :

Carlo : Maestro, creo que el pequeño está listo para usar los colores de su barrio y de los dignos representantes
(Maestro, je crois que le petit est prêt à porter nos couleurs et à représenter son quartier dignement)
Maestro : ¿Estás seguro, Carlo? Bueno, nos aseguraremos de.
(Tu en es sûr, Carlo? Bien, nous allons nous en assurer tout de suite.)
Maestro : Alors, Loco'J, t'es prêt à porter nos couleurs pour défendre ton quartier où que tu ailles? T'es prêt à essayer d'apporter du tien à cette communauté qui en a vraiment besoin? T'es prêt à donner ta vie pour tes frères? On est une famille, Loco, on se serre les coudes, si ça chie, c'est pas qu'un seul qui tombe, c'est tout le gang, tu captes? Si t'essayes de nous baiser, on te baise avant, mais si t'es fidèle, tout baigne pour toi! On est tous unis, t'es prêt à rejoindre tes frères au combat?
Loco'J : Ouais, Maestro, j'suis paré. J'veux faire parti des vôtres.

Maestro leva subitement sa main gauche en l'air ainsi que celle de droite pour représenter un N comme Northside et poussa un cri virevoltant.

Maestro : HASTA LA MUERTE, LOCO'J!

En fait, sur le coup, j'ai mis du temps à réaliser que 5 des 10 types qui étaient là se dirigeaint tous vers moi. Pour moi, y venaient juste me soulever en guise de victoire, mais au lieu de ça, j'ai reçu le crochet le plus violent de ma jeune existance. J'me suis aussitôt écroulé et j'mettais mes pattes sur ma face pour m'protéger de leurs gros kicks. J'ai cru qu'y voulaient s'débarasser d'moi. Ces 15 secondes ont été interminables pour moi. On aurait dit que j'avais été coincé sur le passage d'un troupeau de mammouths pendant une heure. J'me suis relevé dès qu'y se sont écartés, avec un putain de melting-pot entre la douleur et la fierté d'avoir tenu sous les coups de ces molosses. Dès que j'me suis relevé, on m'a collé une putain de bière glacée contre le torse et on m'a félicité à multiples tapes dans l'omoplate. A vrai dire, j'avais jamais trop compris ce passage. Plus tard, on m'a dit que c'était le jump-in, que c'était une étape à passer avant de rentrer dans le truc, moi j'ai toujours dit qu'y étaient défoncés et qu'ils voulaient taper quek'chose de plus faible qu'eux. M'enfin bon.. L'essentiel, c'est que j'avais reçu un bandana et une bière gratuite, et ça, j'm'en plaignais pas.


Putain, vous savez c'que j'étais dev'nu? J'étais un intronisé, mec! Un putain d'intronisé! J'avais une sape pour chaque jour de la semaine, j'me tapais une latina chaque nuit que Dieu fesait pour moi. Le premier qui osait m'faire chier, j'avais qu'à claquer des doigts pour que tout le gang se le fasse en moins de deux. J'étais intouchable, au sommet du sommet, j'me tapais même les meufs de Maestro, personne n'avait jamais fait ça, merde! J'avais quand même gardé les conseils de Mama en tête, et j'étais pas complètement abruti par le sexe, le pouvoir et la dope. Un préservatif pour chaque nuit, pas plus de trois verres quand j'boit et tout ça.. C'est par un jour comme les autres que j'étais calé sur mon fauteuil à balances, à la terasse de la maison principale. J'mattais les filles passer dans la rue en se déhanchant. Au moment où j'partais récupérer une bière dans la cuisine, j'ai entendu un coup d'feu. Pour moi, on était trop au sommet pour que des p'tits larbins d'à côté se permettent de faire ça, j'imaginais certains de nos gars en train de s'ntraîner au tir avec les guns. Ca m'a fait débander quand y'a une putain de bastos qui s'est logée dans le verre de ma fenêtre. Apparemment, j'étais pris pour cible. J'me suis directement baissé et j'ai dégainé mon Glock 18 chargé à bloc. J'avais cette p'tite merveille depuis que mon oncle avait morflé dans les quartiers du Sud. J'avançais à mi-genoux jusqu'aux escaliers quand j'ai vu un fils de pute se tenir devant moi, arme braquée sur ma face. Effet de surprise, j'ai aussitôt tiré et y l'a pas eu l'temps de riposter, -1, et j'avançais vers la sortie. On s'croirait dans un western, ça tirait de partout. Y'avait des douilles encore chaudes coincées dans les cailloux. J'cherchais à repérer la position de Maestro, j'réfléchirais après, quitte à m'faire descendre avant. L'horreur que j'ai vu quand j'ai aperçu un des leurs lui coller une putain de balle dans la bouche. Maestro venait de mourir, sous mes yeux, comme si de rien n'était, et ça continuait à tirer. Nos gars s'fesaient abattre comme des lapins et on était plus que 3. Y'avait encore Jo'R, Ace et moi. On s'est dispersés. Ace s'est tiré vers le Nord-Est, Jo'R, lui, a couru vers le CKB près de là, et moi, j'ai pas réfléchi, j'ai couru..couru..couru..jusqu'à ce que les flics m'aperçoivent et décide de s'occuper de moi.. Comme si j'en avais besoin..Tssk.

CHAPITRE V : C'est en forgeant qu'on devient forgeron.

J'me rappellerais toujours de cette cellule crasseuse. J'arrivais pas à dormir sur les lits quand j'm'imaginais combien de pédales s'étaient enfilés là-dessus. C'était la plus mauvaise passe dans laquelle j'étais plongé, eh ouais, la plus mauvaise, et j'en avais connu d'autres. Quand les flics avaient décidé de ''m'aider'', y en ont profité pour faire une putain de fouille. Un hispanique qui court en débardeur et bondé de dessins bizarres, c'pas commun, et y ont fait en conséquence. On m'a retrouvé avec 5 putains de grammes d'héroïne et mon Glock. A votre avis, qu'est-ce qu'on m'a fait? On m'a embarqué, bien sûr, mais avant ça? Putain, eux, c'était le summum, quoi. Mais j'avais appris à encaisser les coups, depuis mon ''jump-in''. Ces enfoirés m'ont passé à tabac comme c'est pas permis. On peut rien faire, pour ces cas-là, si t'es pas de leur race, t'auras rien, même pas un dédomagemment. J'vais pas trop parler de la taule, parce que c'est un épisode récent et que j'ai pas trop kiffé mon séjour là-bas. Ca m'en endurci, c'est clair, mais j'ai pas envie d'parler d'ça, tournez cette putain d'page..

CHAPITRE VI (à suivre) : Home sweet home.

Ouais, j'ai été sorti de là-bas avec une remise de peine pour bonne conduite, j'étais devenu plus sage et plus posé, j'parlais carrément de rien pour ne plus revivre ça. J'avais maintenant 22 ans et j'avais toujours la même audace que quand j'suis rentré dans cette merde à mes 15 ans. P'têt que sans ce passage, j'aurais pas connu Manolo, et tous les autres, que j'saurais pas c'que j'sais aujourd'hui, que j'serais pas c'que j'suis ajourd'hui..Est-ce que j'veux vraiment l'savoir..? Humpf..J'pense pas, j'ai encore du bon bout à vivre sur Terre et j'vais bien en profiter!

*Joey se munit de son Glock 18 et ressort de sa piaule miteuse avec un large sourire aux lèvres.

A suivre..

Bravo ma poule, je keaffe!

Good. J'aime !

Merci à vous tous, ça m'encourage à le terminer vite-vite-vite.

Vraiment good.

Merci mec.