Victor Cervantez - Sky is my escape.

Elles approchent, je les entends arrivées. Peu à peu je prends conscience que je suis purement et simplement incapable du moindre mouvement, le doigt bloqué sur cette gâchette que je n’aurais jamais osé presser. Les yeux grands ouverts, le souffle court, le son des sirènes s’est désormais transformé en bruits de pas, se précipitants vers moi tandis que cette lumière tantôt bleue, tantôt rouge éclair mon visage pétrifié par la peur.

Je sens une pression sur mon bras, le caissier qui n’avait pourtant rien demandé ce soir-là baisse lentement les bras, poussant un soupir de soulagement. On me sert, on me neutralise. Je sens cette pression sur ma tête puis je vois cette porte se fermé, symbole des 3 ans de ma vie que je viens de perdre. A 19 ans, j’entre là où les hommes changent. A 19 ans, je réalise peu à peu, jours après jours, prisonnier de cette cage de métal et de béton que je ne serais plus jamais le même. Je pense à ceux que j’ai laissés derrière moi, ceux que j’ai déçus, je pense à cette erreur…

"La souffrance de l'emprisonnement réside dans le fait que l'on ne peut, à aucun moment, s'évader de soi-même. " Abe Kobo, auteur Japonais. Peut-être avait-il raison, peut-être que la réelle tristesse en prison n’était non pas d’être privé de liberté mais plutôt d’être libre de penser, d’en avoir le temps, d’être perpétuellement confronté à soi-même ?

Trouvant refuge dans la religion, je repensais souvent à cette phrase que j’avais lue, cette phrase qui disait que chaque personne qui avait pour prison la terre trouvait son évasion dans le ciel.. C’était sûrement vrai, prisonnier sur Terre, Dieu, du haut du Ciel, me guidait non pas sur une voix meilleure, mais sur une voix qui me permettrait de survivre.

La prison était un lieu sordide, regroupant les pires ordures de la région dans un espace clos, dépourvus d’éclairage naturel la plupart du temps, humide et malsain. Certes on y trouvait de braves types mais mieux valait ne pas trop fouiller dans leur passé. Il y a des choses qui se gardent, au plus profond de nous même.

En prison, j'avais mis un sacré bout de temps à me faire à l'idée que j'allais passer 3 ans là-dedans, voir les mêmes cellules chaque jour, les mêmes têtes, le même paysage terne, gris, sombre. Cette même ambiance inquiétante, ce sentiment que j'étais entré dans le triste monde de ceux qui ont franchis la barrière. Ce monde qui nous aggripe et nous retiens en lui. On ne sort pas de cette spirale, l'incitation est omniprésente, la tentation grande. Est-ce notre société qui a créer tout ceci? La surpuissance de l'argent a t-elle créer des monstres prêt a tout pour quelques billets?

Je pense avoir trouver les réponses à ces questions quant la main du diable m'a saisit l'épaule pour m’amener lentement vers elle, me faisant miroiter monts et merveilles, me tentant en me promettant puissance, et argent. Me proposant une protection quant j'en avais besoin et en se créant un rôle de seconde famille, une famille de substitution qui m'étais devenue cruellement nécessaire tant la solitude me hantait dans cet univers de métal et de béton.

C'était une main noire qui m'avait ramener vers le Groupe. Véritable rassemblement d'ordures au passé aussi sombre que mystérieux, chacun avait son rôle, ses capacités singulières qui pouvaient servir. Chaque individus devenait un engrenage d'une machine terriblement efficace, une efficacité insolente qui transgressais frontières, barrières, murs et autres limitations physiques.

J'avais trouvé ma place parmi eux, j'avais besoin d'eux et je prenais peu a peu conscience que je devenais moi-même un rouage mécanique. M.

J'commençais a grimper dans l'estime de Jorge, ce type marchait à l'argent et j'pouvais lui en ramener pas mal. La drogue, les armes, dans une ville comme Los Santos, ça marchais plutôt bien. C'était triste, certes, mais c'était la vie. Si c'était pas moi, ça aurais été un autre enfoiré, alors autant le faire. Ça pourrait poser des problèmes de conscience à un sacré paquet de type, moi, j'avais plutôt l'impression de faire un truc bien. Explications: Un autre type aurait pu vendre la mort comme je le fais et agir comme un connard avec les gars de Los Flores en même temps. Moi, je traite bien les gars.

Je commençais a faire du fric, et j'faisais croquer le 424 au passage, je donnais du boulot aux jeunes et j'faisais en sorte qu'il leur arrive pas de couilles. Si ils bossaient bien, je les faisais entrer dans les vrais affaires, et ils nous rejoignaient. Manny était du même point de vue, enfin je pense, et les choses se passaient manifestement bien. J'étais juste avec mes gars, c'était le principal.

Les NBC'828 étaient selon toutes vraisemblance sur le déclin, agonisant dans les cendres de ce qui fut jadis un grand et puissant gang. Y'avait pas mal de type dans l'est de la ville qui n'attendaient que leur départ pour venir gratter les parts du gâteau. Qu'ils fassent, qu'ils fassent, tant que notre propre terrain de chasse n'en souffrait pas.

En bref, tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais pour combien de temps encore?