Isaac Green, un mec heu... un mec.

L'avion se posa enfin sur le tarmac après des heures de vol en tanguant légèrement à cause d'une brusque bourrasque de vent.
Isaac se cramponna à son siège. Il avait horreur des atterrissages encore plus que des décollages.
Une fois l'appareil immobile il poussa un soupir de soulagement et tourna la tête vers la femme à la place à côté de la sienne.

"- Enfin... pas fâché de retrouver le plancher des vaches hein ? On m'ôtera pas de l'idée qu'un machin de centaines de tonnes en métal qui vole c'est pas normal. Sans rire vous avez déjà vu voler un fer à repasser vous ?"

Sa voisine qui avait déjà dût supporter ses blagues pourries tout au long du vol, ne lui répondit même plus et s'empressa de quitter l'avion.

Encore une coincée... se dit-il avec amertume en la regardant partir.

Avec sa petite valise à la main, Isaac sortit à son tour et après les contrôles de routine se retrouva devant l'aéroport.
Une ville nouvelle, des gens nouveaux. Il enfourcha ses lunettes de soleil.

Alors c'est ça Los Santos ? Hum... sympa ! Zac mon gars te voilà au cœur des choses. C'est ici que ça se passe !

Allumant une cigarette, en se promettant d'essayer d'arrêter une prochaine fois, il se mit en route à pied à travers la ville. Le premier arrêt de bus qu'il croisa fût le bon et il grimpa dedans avec allégresse. Allégresse qui ne dura pas longtemps car il s'endormit au fond du bus. Sans doute les cachets pour dormir dans l'avion ne faisait-il effet que maintenant. Oui il avait horreur de l'avion. Il fit donc quelques tours de la ville avant d'être réveillé par le chauffeur du bus qui le secoua :
"- Hé monsieur j'crois que vous vous êtes endormis !"

Merci Captain Obvious... se contenta de penser Isaac.

Ne sachant pas trop où il était et maugréant contre sa fatigue les yeux à moitiés collés, il descendit tout de même.
Il lui fallait trouver rapidement un endroit où dormir.
Par chance il avait atterrit non loin du centre ville. Au fil de ses pérégrinations où il constata une activité plutôt intense dans la ville, il se trouva une espèce d'appartement duplex meublé plutôt spacieux pour un loyer qu'il jugea raisonnable.

Après une tentative foirée pour faire baisser le loyer avec son plus beau sourire et la gène qui en suivit, Isaac monta donc dans son nouveau chez lui.
Là il s'écroula comme une masse sur le lit.
Déjà ses ronflements résonnaient du sommeil du juste, bavant un peu tout de même sur son oreiller.

A son réveil le lendemain sur les coups de midi, Isaac eut un premier geste fondamental. Il essuya la bave accumulée tout au long de la nuit tandis qu’il rêvait de Candy Suxxx comme ça lui arrivait souvent.
Etirement…… crampedanslemollet crampedanslemollet crampedanslemollet !!!
Isaac laissa s’échapper entre ses dents un son qui ressemblait à ça :

-« Aïïïïïïïïïïïïïïïïeu Gnnnnn ! RHaaaaaaaaa ! Gnnnnnnn !»

La crampe passa (trop) doucement à force d’étirements. Puis vint le soulagement qui suit la douleur.
Bâillement. Frottage d’œil. Puis un re-bâillement avec la mâchoire plus ouverte encore tant et si bien qu’elle fait un petit « crac ».

Ouais je suis vraiment cassé, saleté de crampe… Ca fait putainement mal ! Bon allons-y Zac mon gars… se dit-il.

Puis, alors qu’il repoussa le drap d’un coup sec et allait poser le pied au sol, il s’arrêta net.

Mais je fais quoi là ? Rien ne presse en fait pour une fois… Ça fait combien de temps que je ne me suis pas reposé ?

Se renfonçant dans ses draps qu’il trouvait décidément de plus en plus confortables, il croisa les bras derrière sa tête, fixant le plafond le regard perdu dans ses souvenirs…


Northfield. Etat du Minnesota. Une petite ville du nord des USA.
Isaac Green nait en ce jour du 22 septembre 1988. Un jour de joie pour ses parents !
Pleurs, cris, sangs, larmes et autres liquides puants résultants du merveilleux événement qu’on appelle la naissance. Au milieu de tout cela le héros de notre histoire.
Matthew le père observait le bébé à peine né de ses yeux éberlués, tandis que Rachelle la mère se remettait de sa prouesse.

-« Mon fils : ISAAC !»

La scène qui en suivit fut pleine de papouilles, de bisous et autres démonstrations d’affections mutuelles propres aux êtres humains en ces circonstances. Des trucs mignons quoi. Trop mignons pour vous les décrire ici même d’ailleurs. Et dans ce cas nous allons user d’une transition :


Isaac, cheveux bruns comme on les porte en 2003 pour un gamin de 15 ans. Il suivait les cours du Lycée de Northfield, dans le Minnesota. Il n’était pas vraiment un « populaire », ni un « loser ». Juste un gosse normal qui tente de gérer ses parents…

Car oui il avait une famille un peu particulière. Ho rien de vraiment méchant. Nul alcoolisme familial, nul violence conjugale. Son père était juste adjoint du shérif de la ville et sa mère avocate.
Pour résumé l’un attrapait les malfrats tandis que l’autre faisait en sorte de les libérer.
Ça aurait donné une super sitcom, avec moult faux rires et applaudissements ! La totale quoi. « Dad VS Mom » qu’il s’était imaginé appeler la chose, le générique il l’avait même en tête ça faisait : Humhumhumhuhm huuuhm huuuuhm hum hum humh !!!!
Un truc qui donnait tellement qu’il en claquait des doigts aux intercours sous les yeux incrédules de ses camarades de classe (et lui éloignait malgré lui les filles malgré son physique plaisant).
Pour Isaac à cette époque tous les soirs au menu chez les Green c’était Exécutif contre Législatif ! Ça peut paraitre stupide mais c’était tout à fait le genre de discussion qui animait la table des Green. Et mine de rien ça lui plaisait de voir ses parents se bouffer le nez. Il savait que c’était un jeu entre eux. Après tout c’était bien au cours d’une affaire banale de poursuite en tracteur qu’ils s’étaient rencontrés.

Tiraillé entre deux feux sur sa future carrière professionnelle le choix d’Isaac se fit d’un coup.
Pour être plus précis d’un coup de coude.

Imaginez cette sombre année grise 2003 et cette triste nuit du jeudi 13 novembre où il pleut averse de l’eau mouillée froide. Jess, 57 ans poivrot notoire et figure locale de Northfield pour ses danses nues en public qui lui valent des séjours plus ou moins fréquent en garde-à-vue.
Ce soir-là Jess est plus éméché que d’habitude. Tellement qu’il en décide de prendre son 4x4 pour aller dire deux mots à son ex-femme. Alertés par le patron du bar où Jess avait ses habitudes, l’Adjoint Matthew Green et son collègue se lance à sa poursuite. Ils l’arrêtent au niveau du pont et le font sortir du véhicule titubant.
La suite est floue. Isaac ne sut jamais vraiment ce qui suivit. Toujours est-il que son père était tombé du pont avec Jess. Le premier était mort sur le coup mais le second survécut miraculeusement, les boyaux du premier auraient amortis la chute du second de ce qui se disait en ville…

Mattew Green mort en service, laissait une veuve et un fils de 15 ans dont la moustache commençait à peine à poindre.
Il laissait également, non pas une mort héroïque puisqu’elle était assez stupide, mais un héritage pour son fils.

C’était décidé pour Isaac : il suivrait les traces de son père.


Voilà. Il avait son diplôme. Ce n'était pas pour faire plaisir à sa mère (du moins pas que) car son projet était bien défini.
Aiguillé par sa mère encore une fois il s’inscrivit à l’Université du Minnesota où il obtint sa licence de psychologie avec une mention assez-bien.
Durant ces trois ans Zac (comme tous ses amis appelaient désormais Isaac) se consacra aux soirées, aux études et à sa participation médiocre à l’équipe de de lutte universitaire. Il abandonna cette dernière activité en se voyant en vidéo tourné par sa propre mère lors d’une compétition locale… Oui le string rouge vous fait plus ressembler à Zangief qu’à Hulk Hoggan…

Peu à peu son projet germait et portait ses fruits.

Il lui manquait une chose : la discipline. C’est pourquoi il s’engagea deux ans dans l’armée de réserve des USA. 80ème division, stationnée en Virginie. Ce ne fut pas l’enfer, mais il y apprit l’essentiel.

Et désormais il était ici à Los Santos du haut de ses 24 ans. Il avait toujours aimé la côte ouest et ça faisait des années qu’il avait eu pour projet de s’y installer. Tout lui plaisait : Le soleil cuisant. La plage et ses plaisirs. Les femmes court-vêtues. Vinewood et ses paillettes. Et surtout l’action dans une ville dont le cœur battait au rythme des guerres de gangs et des trafics en tout genre.

Repu de souvenir et voyant qu’il était déjà midi, Isaac se leva. Il avait une corvée à faire. Il devait appeler sa mère pour lui signaler qu’il n’était pas mort dans le crash de son avion et que les survivants ne se régalaient pas allègrement de ses fesses dodues. Les mères parfois ça s’inquiètent un poil trop pour rien.