Tant que nous existons la mort n'est pas, et quand la mort est là nous ne sommes plus. [maj 02/11/14]

Introduction

La mort.

Depuis le début de l'humanité, toutes les civilisations aux quatre coins du globe tentent d'échapper au spectre de la mort qui les hantent inévitablement. Du paradis Chrétien à la réincarnation Bouddhiste, ils espèrent tous ne pas connaître le néant, ils croient pouvoir retrouver leurs proches dans un autre monde, ils pensent peut être qu'ils seront récompensés pour leurs bonnes actions. Une douce pensée.

Je les comprends,  nous avons tous peur de la mort, la culpabilité de causer du chagrin à ses proches, de les abandonner, la déception de n'avoir pas accompli tout ce que nous aurions voulu accomplir, la peur de souffrir. Combien il est doux de se dire, à la perte d'un proche, que ce dernier part pour un long voyage et que nous le retrouverons lors de notre mort, car nous mourrons tous un jour.

Seulement, moi, je sais.  Je sais que la mort, c'est le moment où moi, organisme biologique, je cesse de vivre. Je sais que mes yeux se fermeront et que je resterai là, dans ce néant éternel, et je sais que ce sera comme ça peu importe mes actes de mon vivant. Tant que nous existons la mort n'est pas, et quand la mort est là nous ne sommes plus.

Je sais tout ça et pourtant, je l'ai tuée.

OOC:

Chapitre I

 Je sortais tant bien que mal de Chicago en empruntant Cermark Road, au volant de mon taudis ambulant. Amber était à ma droite, sur le siège passager. Amber ? C'était ma fiancée, j'étais avec elle depuis presque deux ans et même si elle avait des sautes d'humeurs parfois difficilement supportable, je l'aimais plus que tout. Elle et moi devions passer un week-end en amoureux au cabanon de son père sur le lac Michigan.
 Les bandes blanches de la route goudronnée défilaient une à une devant mon regard fixe. Il n'était que 23h00 mais je sentais déjà la fatigue qui commençait à m'accabler. Il faut dire que je n'avais dormi pas plus de trois heures la nuit dernière, Mike, cet enfoiré d'Irlandais, m'avait une fois de plus entraîné dans une virée interminable à travers les pubs de la ville. Amber, elle, était déjà assoupie, elle avait d'ailleurs retiré sa ceinture de sécurité afin de s'installer plus confortablement, je l'enviais tellement.
Elle semblait si sereine, endormie à mes côtés, qu'est-ce qu'elle était jolie. Je me demandais d'ailleurs souvent comment une si belle fille s'était retrouvée avec un branleur de mon espèce. Elle ouvra un oeil, se sentant sans doute observée, et constata que je l'observais. Un petit sourire malicieux s'afficha sur ses lèvres, un sourire qui se changea subitement en grimace d'effroi. Un cri strident sorti de sa bouche, elle avait les yeux rivés de la route. Je me pressai de détourner le regard vers la route mais c'était trop tard, le camion nous percutait déjà.

J'ouvris les yeux allonger dans un lit d'hôpital. J'avais un plâtre à la main droite. Un médecin se tenait devant moi, le visage vide de toute expression. Il me fallut quelques dizaines de secondes afin d'assimiler les événements récents.
"Mon bras est cassé ?" Ce fût la première chose à dire qui me passa par la tête. Quel égoïste, je pensais à mon bras. Le médecin opina de la tête et détailla ma blessure dans un vocabulaire qui m'échappe et que je ne serais capable de retranscrire. Son air toujours aussi sombre m'indiquait que quelque chose clochait. Je pensais enfin à Amber, la seule chose qui comptait vraiment. L'expression de mon visage se décomposa sous les yeux du type en blouse blanche et je n'eu même pas le temps de poser la question avant d'entendre. "Votre amie.. elle est décédée sur le coup. Elle n'a pas souffert. Je suis navré."
C'était comme si l'ont venait de me porter un coup de poing en plein visage. Les mots du médecin résonnaient dans ma tête et ce dernier quitta la salle devant mon anéantissement.

C'est à ce moment là que je compris.  Plus jamais je ne la reverrai. Son esprit flottait désormais dans le néant. Elle était morte et c'était de ma faute. Je n'avais que 21 ans et j'étais déjà brisé.

Chapitre II

''C'est la première fois que vous tuez quelqu'un, pas vrai ?'' dit l'Inspecteur Forman des Affaires internes. Je répondis un petit ''Oui' dans un souffle tout en opinant machinalement de la tête. C'était un mensonge, j'avais déjà tué quelqu'un auparavant.

Quelques heures plus tôt, j'avais abattu un suspect sur Corona, un membre d'un gang qui avait ouvert le feu sur notre unité. Il avait décoché une balle dans le gilet (heureusement lourd) de mon coéquipier avant que je ne réplique, ma balle à moi ayant immédiatement traversé son crâne. Un vif dégoût s'empara de moi au moment où, m'approchant, je constatais qu'il était bel et bien mort. Je savais que j'avais pas le choix, mais je pense pas qu'il le méritait. On ne choisi pas le milieu où on naît et certains milieux sont plus difficiles que d'autres, c'est pas lui qui a voulu tenir ce flingue, c'est la société.

Ah oui, je suis flic. C'est une longue histoire qui débute à la mort d'Amber. J'étais vraiment détruit et je commençais à me renfermer sur moi même, fréquentant de moins en moins de monde. Ma décadence fût fulgurante, en quelques semaines seulement je n'étais plus qu'un ermite, reclu chez lui et bannissant tous contacts sociaux, durant de longues semaines, ma bouteille de Jameson fut mon unique compagnie. Il n'était pas rare que je me réveille sur le carrelage de la cuisine de mon appartement, une bouteille d'alcool posée à proximité de ma tête, cela sans que je ne songe une seule seconde à ma reprendre en main. Durant une année de ma vie, je n'ai été qu'une épave, errant comme une âme en peine. Je me tuais à petit feu et je serai sans aucun doute mort sans Edward.

Edward, mon ami d'enfance de Chicago avait été le témoin impuissant de ma décadence. Souvent il avait essayé de me venir en aide, de me tenir compagnie afin que je ne sombre pas, quand tous mes proches avaient lâché prise, me laissant à mon sort, Edward ne lâchait pas. Et en y repensant, j'ai l'impression qu'il avait prédis ce que j'allais devenir, il savait dès le début à quel point le décès d'Amber allait m'affecter. Moi, je me contentais de le repousser, de l'insulter, n'hésitant pas à toucher la corde sensible afin qu'il me laisse tranquille, seul, dans mon monde d'alcool et de regrets.
Mais heureusement pour moi, mon état psychologique et mon pauvre petit foi, Edward décréta un jour que c'était suffisant. Il ne pouvait plus se résoudre à me voir, moi, son plus fidèle ami, m'enfoncer chaque jour un peu plus profondément dans ce gouffre. Et sans me demander mon avis, il pris la situation en main. C'est ainsi que je me suis retrouvé dans une maison de desyntox à quelques dizaines de kilomètres de Chicago. Les débuts y furent difficiles mais en fil du temps je réussis à me passer d'alcool, ce précieux breuvage qui m'aidait à oublier mes pertes. Par conséquent, la réalité me retombait brutalement dessus; la mort d'Amber, mon état d'inertie, le comportement dont j'avais fait preuve à l'égard de tous mes proches...

Pour moi, le Police Department fut un moyen de me tenir éloigner de mes vieux démons. Los Santos, pour oublier Chicago et tout ce que représente à mes yeux cette ville. Je n'ai toujours pas vraiment de vie sociale digne de ce nom, la seule personne que je fréquente, c'est Edward. Je cache mon petit coeur malade derrière un masque de bonheur, de joie et de bonne humeur.

Chapitre III

Mes deux mains sont fermement accrochées au volant de la patrouilleuse, mon regard lui, est rivé sur la grosse cylindrée que nous poursuivons depuis maintenant quelques minutes. Nous roulons à 180km/h sur une grande avenue déserte, il est 2h30 du matin, le hurlement des sirènes mêlé aux indications que donne ma partenaire par radio retentit dans mes oreilles. Je suis conscient qu'à cette vitesse, un petit manque d'attention suffirait à m'expédier dans l'au-delà, je suis conscient aussi qu'une fusillade risque d'éclater une fois le véhicule à l'arrêt, et pourtant.. je me sens mieux que jamais. À ce moment précis, j'ai l'impression d'être invincible, que rien ni personne ne peux m'arrêter.

Le goût du danger, c’est comme une drogue. Nous les flics, les pompiers, les militaires, et même les équipes d'urgences médicales; tous connaissons cet assaut d’énergie qui vous donne la chair de poule, cette sensation d'invulnérabilité totale. Nous sommes tous des junkies de l’adrénaline.