D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
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Dragan Dukajevic
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D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
- Ambiance:
« Le silence de mort. C'est ce dont il se souviendra à jamais, comme marqué à vie par la quiétude des lieux dès lors que les mitrailleuses se sont tues. Cela n'avait pas la forme d'un des nombreux tatouages gravés dans sa chair depuis lors, sortes de scarifications expiatoires. C'était plus profond, cérébral. Moral. Psychique. Les blessures étaient invisibles, spectres intérieurs hantant les fragments d'une âme qu'il avait attrapé à pleine-main pour la déchirer en milles morceaux.
Vingt ans après, il se souvenait encore avec précision des spasmes qui parcouraient son corps. Pas de la peur, ni de l'excitation. Des remords ? Encore moins. Pour plus tard, ça. C'était de l'adrénaline, rien d'autre. Il lui faudrait du temps pour comprendre sinon accepter que ce qu'il s'est passé ce 11 juillet 1995 et les jours suivants, il aurait été préférable que cela n'arrive pas. Du temps. Bien plus qu'il n'en fallait pour massacrer huit milles trois-cent soixante-douze hommes.
Pourtant, aujourd'hui encore et malgré tout le recul, lui-même n'était pas sûr de pouvoir dire s'il avait voulu être là de son plein-gré ou si il avait été aspiré par le fil tragique des événements. S'il était juge et bourreau, ou « juste » exécuteur. De toute façon, le résultat restait le même. Mais cela lui permettrait certainement de trouver le sommeil plus facilement le soir, sans revoir de façon systématique les regards de défi et de peur que lui envoyaient ces pauvres diables de bosniaques à chaque fois qu'il avait les paupières closes. Ces regards qui continuaient à le mettre mal à l'aise jusqu'à ce qu'il se décide mentalement à presser la détente et vider son chargeur.
Vingt ans après, la scène se répétait encore et toujours dans sa tête. Deux décennies. D'ordinaire, les anniversaires se célèbrent avec une coupe de champagne. Mais lui n'avait rien à fêter, si ce n'est la fin de sa vie d'homme au sens le plus normal du terme. Il n'avait pas à pleurer non plus. De quel droit pourrait-il associer sa peine à celles des mères endeuillées à qui il a pris les fils ? Il avait déjà assez contribué, niveau abomination. Non. Ce qu'il faisait tous les ans dès qu'on s'approchait de la date fatidique, que ses tripes se crispaient et que son sommeil devenait plus chaotique encore qu'à l'accoutumé, c'est qu'il se saoulait des soirs durant en se repassant le fil des événements.
Le premier point qui lui venait en tête, c'était toujours ce match de football à Zagreb entre le Dinamo et l'Etoile Rouge de Belgrade. Ce match, c'était un concentré de la décadence générale dans laquelle baignait la Yougoslavie depuis des années. On était en 1990, les ultras croates recevaient les ultras serbes, dont Dragan, dans un contexte de haute-tension politique entre les deux nations. Ça ne pouvait que dégénérer. Les chants nationalistes sont partis du côté serbe, les croates n'ont pas supporté et ont envahi la pelouse, mettant fin à la partie. Émeutes générales entre les policiers et les supporters. Et puis, le temps s'est suspendu. Boban, le capitaine de l'équipe du Dinamo, frappe d'un coup de pied un militaire qui s'en prend à un supporter croate en plein milieu de la pelouse. Ça a mis le feu aux poudres.
Quelques semaines plus tard, la Croatie déclarait la guerre à la Yougoslavie serbe, et bien-sûr, jeune ultra et nationaliste que Dragan était, il s'est engagé. Pas dans l'armée régulière, non. Dans les scorpions, ces paramilitaires qu'il fréquentait déjà à l'époque, représentant selon-lui la supériorité serbe et la discipline maintenue par la violence.
Bientôt c'est tout le pays qui s'est embrasé dans la guerre. Il avait un peu plus de vingt ans, une fiancée, un emploi, et il est allé faire la guerre. En y repensant, c'était stupide. Cela ne pouvait que l'être. Il n'était pas conscrit. Le patriotisme était son seul moteur. Et sa volonté de casser des gueules croates et bosniaques.
Avait-il été meneur, instigateur vindicatif de la folie nationaliste comme tant d'autres jeunes serbes à l'époque ? Oui. Avait-il voulu en découdre avec les autres ? Oui. Pour autant, jamais il n'avait voulu de Srebrenica. Jamais. Il n'était qu'un pauvre idiot serbe fan de football pris dans la liesse populaire et revendiquant la toute-puissance serbe sur les autres peuples yougoslaves.
Le silence de mort. C'est ce dont il se souviendra à jamais.
Le silence qui suit les dernières détonations, et l'odeur de fer brûlé qui volute depuis les canons échaudés des mitrailleuses serbes. Ça et là, un mourant quémande sa mère en bosniaque. Un autre prie alors qu'il a été miraculeusement épargné par le déluge de plomb. Très vite, un des capos vient mettre fin à ses jours d'une balle dans la tête. Le plus grand massacre de civils depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il paraît.
L'ordre est arrivé en fin de matinée. Là où ils devaient au départ arraisonner la colonne de civils et combattants après le siège de la ville, les directives ont pris une teinte tragique. Tuer un ennemi sur le champ-de-bataille, c'est presque naturel. Une réaction de légitime-défense, peu importe son comportement, pourvu qu'il tienne une arme. C'est normal, c'est tuer pour ne pas être tué. Mais ce jour là, les paras serbes ont débarqué avec leurs canons anti-aériens pointés sur les bosniaques, et n'ont pas fait quartier. Certains ont bien tenté de combattre malgré l'embuscade, et les serbes ont fait leur boulot, Dragan y compris. Tuer ou être tué. Attaquer une colonne de soldats et de civils qui battent en retraite, c'est lâche. Mais ils étaient des Scorpions, des défenseurs de la suprématie serbe, et l'idée de base restait de détruire la menace, les résistants, les ennemis de la nation. Alors tous ont perçu ça, tout indiquait qu'il s'agissait de faire leur devoir à tous. Par-contre, quand on leur a donné l'ordre de rassembler les hommes désarmés, ceux qui s'étaient rendus, pour leur mettre une balle dans la tête... Peu importe votre degré de fanatisme. Vous n'en ressortez pas indemne.
D'abord, on ne réfléchit pas. On obéit. Le sang nous monte à la tête, on devient euphorique. Les premiers tombent sous les balles. On ne lâche pas son arme et on continue de faire feu jusqu'à ce qu'ils n'en restent plus, épris d'une implacable soif de sang. On sait que si l'on s'arrête, on ne pourra plus recommencer sans vomir son déjeuner. Ils étaient des paramilitaires, des soldats fanatiques, des hommes aguerris par la guerre et forgés dans la violence. Pourtant, tuer des hommes désarmés sans leur laisser la possibilité de se défendre, cela vous marque à vie. Même si l'on vous dit qu'il en est de votre devoir.
Dragan a fini le bain de sang l'uniforme tâché d'hémoglobine. L'uniforme, il ne l'a plus. Brûlé en Turquie, au début de son exil peu après la fin de la guerre. Il n'est jamais retourné en ex-Yougoslavie. L'envie lui manque, et même s'il le désirait... Il serait traduit devant les tribunaux en qualité d'ex-Scorpion. Incarcéré et condamné à la prison à vie, certainement. Le méritait-il ? Non. C'était bien trop doux comme châtiment, il le savait pertinemment. Le jugement qu'il méritait, il l'aurait à sa mort, si quelconque Dieu que ce soit existe bien. Une des raisons pour lesquels bosniaques et serbes ne pouvaient pas s'entendre, d'ailleurs. Lui a cessé de croire à ce genre de délires métaphysiques il y a vingt ans.
Vingt ans.
Puissent passer vingt siècles, il aurait toujours le souvenir limpide de l'expression effrayée de ces gamins de seize ans qu'il s'apprête à abattre. C'étaient les seuls souvenirs qu'il gardait de la terre qui l'avait vu naître, ces images funestes des dernières instants de ses victimes, mais aussi de l'homme qu'il fut.
Ça, et le scorpion noir gravé sur la peau de son bras.
Les loups mutilés ne font jamais des chiens dociles.
Avec tout cet héritage de sauvagerie de haine et de colère, Dragan peut-il se mettre à faire autre-chose que semer la violence ?
Non.
On ne vainc pas sa nature. »
Srebrenica :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Srebrenica]https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Srebrenica
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/la-bosnie-commemore-le-massacre-de-srebrenica-20-ans-apres_1698111.html
Dragan Dukajevic- Messages : 3453
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Ancien Prenom_Nom : Gregory Ashton
Salomon Theng- Messages : 436
Date d'inscription : 28/09/2014
Ancien Prenom_Nom : redrum
Andrew Uccelini- Messages : 151
Date d'inscription : 01/01/2015
highgroves- Messages : 5325
Date d'inscription : 14/11/2010
Age : 29
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Magique, très bon joueur qui revient, j'aime ta façon d'écrire.
Hector Gonzalez- Messages : 226
Date d'inscription : 14/02/2015
Ancien Prenom_Nom : Alejandro Casanueva
Darcy Crenshawn- VIP
- Messages : 10
Date d'inscription : 28/02/2015
Age : 28
Second personnage : Aucun / N.C.
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Welcome back fella
Prospero Morales- Messages : 1020
Date d'inscription : 14/08/2013
Ancien Prenom_Nom : cestone, asenov
Second personnage : BONES
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Génial, j'aime aussi ta façon d"écrire. Bon background!
Iñes Grijalva- Messages : 1939
Date d'inscription : 11/08/2014
Second personnage : Lana Villania
Neville Castle- Messages : 4393
Date d'inscription : 21/06/2013
Second personnage : Nathaniel Beynon
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Très beau, je te félicite.
Orianna Maslowski- Messages : 1303
Date d'inscription : 04/11/2013
Dexter Rhodenbarr- Messages : 1132
Date d'inscription : 18/01/2015
Thomas Cleveland- Messages : 1644
Date d'inscription : 14/09/2014
Ancien Prenom_Nom : OAK HILL TIGER
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Bon background.
William Murphy- Messages : 547
Date d'inscription : 10/04/2015
Age : 27
Ancien Prenom_Nom : Ray Barksdale, Kaydee.K,
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Je l'attendais ce background l'ami! (Timerkhan)
Manfredi Buonamici- Messages : 770
Date d'inscription : 20/06/2014
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
T'es un artiste toi.
Iker Argueta- Messages : 1073
Date d'inscription : 18/01/2014
Re: D. Dukajevic - Wounded wolves never make doughty dogs
Très bien écrit, talentueux.
Marko Andrello- Messages : 96
Date d'inscription : 07/08/2015
Rodrigo Consuela- Messages : 247
Date d'inscription : 26/03/2015
Avraham Sharansky- Messages : 525
Date d'inscription : 25/03/2012
Second personnage : Zeèv
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