“Tomber est permis.. se relever est ordonné.”

 

(L'histoire est loin d'être terminée!)

Chapitre 1: Introduction

Je me nomme Eric Balaskov, et je suis né dans une famille appauvrie qui croyait au rêve américain. Je marquais sur le parquet du petit salon de notre appartement mes premiers pas d'enfant heureux, n'ayant encore aucune idée de la cruauté que la vie réserve. J'ai grandi dans un quartier que nous qualifions aujourd'hui d'insalubre, et pourtant je me sentais pleinement satisfait. Mais cette vie paisible et rassurante n'était que passagère. Un soir je rentrais de l'école, en passant le pallier de la porte grinçante, je tombais nez à nez avec ma mère qui sanglotait comme une môme de trois ans. En m'enfonçant dans l'appartement je découvris mon frère allongé sur le sol, le sang coulant de sa poitrine, le visage inquiet par un destin tracé et horrifiant. Mon pauvre petit frère s'est fait refroidir par le gang local qui régnait à cette époque pour une initiation au crime, d'après ce que ces enfoirés disent. La police a vite rangé le dossier dans les crimes non résolus, après tout la mort d'un adolescent dans un quartier où règne la terreur, ça n'intéresse même plus la presse... alors pensez-vous... les inspecteurs ont mieux à faire.

Les années passèrent, un peu trop vite je dois dire d'autant plus que les traits de mon visage me rappellent à quel point je vieillis. J'approche de peu la trentaine, mes études m'ont donné la possibilité de décrocher un emploi glorifiant et par-dessus tout bien rémunéré. J'ai évolué socialement, je possède une petite maison isolée et sympathique à quelques quartiers de la belle plage de Californie. Pour en venir au sujet de ma vie sentimentale, elle est déplorable. Je ne trouve pas la stabilité, mais j'avoue ne pas la chercher spécialement. Ma progéniture n'est finalement pas assurée et c'est pas plus mal.. ne concevant pas faire vivre une vie aussi trépidante à un être auquel je porte de l'affection.

 Vous avez peut-être tendance à me croire vulgairement renfermé sur moi-même, mais figurez-vous que malgré les tracas et les épreuves qui nous sont infligés, je suis lié d'une amitié profonde avec un homme asiatique. Un vigoureux policier, qui a prêté allégeance à notre pays pour protéger et servir la population, comme ils disent dans les bouquins. Le policier se nomme Akio Miyake, il n'a pas eu une vie facile lui non plus.. et c'est ça qui nous rapproches. Le métier qu'il exerce le prouve amplement. Un salaire misérable pour une mort aléatoire, c'est vachement courageux et osé. Je dois dire que je crains souvent l'appel téléphonique m'annonçant son décès, porter un pistolet et un badge c'est encore plus risqué que de sauter du sixième étages. Peut-être qu'il est temps que j'aborde le sujet hargneux de ma famille, des parents retraités qui souffrent en silence dans un pavillon minable en campagne, sans doute rongé par une colère accrue contre les assassins d'un fils particulièrement aimé. J'ai également une sœur qui bosse dans la police, je ne m'entends pas spécialement avec elle... nous avons une vision différente de la vie, néanmoins elle reste grandement soumise à une surveillance profonde d'un frère inquiet. J'entends bien par là que je ne veux pas faire souffrir mes parents une seconde fois. J'ai surement des oncles cachés dans un prospère pays européen, mais pour être tout à fait honnête je m'en contre fiche particulièrement.

Chapitre 2: Le basculement

Un semblant de lumière me réveilla ce soir-là... il s'avère que sous la pluie un lampadaire brillait aux éclats et aussi banal que cela peut paraître, il marquait pour moi le commencement d'un nouvel air. En effet, je pensais au sujet le plus prisé de l'humanité, la mort. Il me semble correct de vous dire que je ne suis pas croyant et qu'ainsi, le sentiment d'un sommeil éternel me répugne énormément. Il est pour moi impossible de quitter ce monde sans laisser une trace aussi insignifiante soit-elle de mon existence. C'est pourtant ce qui va se produire... mon passage sur terre est bien trop court. Je ne suis qu'un être qui est né pour mourir, plutôt ironique me diriez-vous. Il faut dire que toutes ces questions existentielles me perturbent énormément au point que je les noie à travers mon verre de scotch. Pour relativiser je dirais qu'il faut profiter du peu de temps qui nous est accordé, à travers les moments de bonheur que la vie inflige. 

Après ce passage démoralisateur, il est temps que je revienne sur un point que j'ai abordé dans mon premier chapitre. Il était, il y a encore quelque temps pour moi impossible de concevoir que je suis capable d'être amoureux. Je ne pensais pas pouvoir apporter un quelconque bonheur à une femme... à des enfants... à une famille. Néanmoins il y a quelques jours, j'ai retrouvé une jeune femme magnifique que j'avais perdu de vu au lycée. Il se trouve qu'elle était à mes yeux une amie proche, mais le destin semble en avoir décidé autrement. Le temps passant, les moments partagés me donnent l'impression d'un sentiment bien plus fort, celui d'être amoureux, mais après tout... qu'est-ce l'amour?

Moi qui n'ai jamais éprouvé ça, moi qui me suis toujours refusé à ça... que faire? seul le destin me le dira. Ce dont je suis sûr, c'est que je suis heureux en sa compagnie, sa présence me procure un énorme plaisir, je me sens propulsé dans un autre monde où la vie est plus belle. Avec elle, il m'est possible de fermer les yeux et de mettre mes problèmes de côté, au point de ne plus m'en soucier.

Un soir, dimanche pour être précis. J'étais installé à une table avec elle, il faut dire que je n'étais pas à l'aise. Mais, après avoir terminé mon verre de vin, un silence digne d'un film de romance pris possession de la pièce. Elle me regardait, fixement avec ses beaux yeux verts comme si elle attendait quelque chose de moi. Nos mains baladeuses gagnaient du territoire sur la table couverte par une magnifique nappe. Une fois liées, nos mains se découvraient... un court instant, nous échangions quelques caresses. Puis, nos lèvres se rapprochaient, pour un baiser délicieux. Je prononçais difficilement son nom "Emma", encore sous le charme.

Chapitre 3: Une descente aux enfers. 

Avec ma tendre, la vie était clairement plus indulgente avec moi... faut dire que l'amour forme une bulle de bonheur qui cache les malheurs. Mais cette bulle est aussi facile à percer, que de souffler sur la flamme éclairante d'une bougie. Je savourais, debout... un café en me disputant avec ma sœur dans un banal fast food. Pendant ce laps de temps, ma compagne, et celle de ma sœur attendaient sagement dehors, cigarettes aux becs. C'est alors que le message fracassant d'Emma m'indiquait qu'elles étaient en danger. Ma sœur, policière... attrape son arme de service en hurlant sur les assaillants de quitter les lieux. D'un coup, en une fraction de seconde... les bandits dégainaient leurs armes. Un d'entre eux s'écroule d'une balle dans la tête... puis ma sœur tombe sur le sol touchée à l'épaule. Sans réfléchir, je récupérais mon arme que je portais depuis les récents cambriolages. Touchant à la gorge un deuxième assaillant, je me fais tirer dessus dans le dos. Mes yeux rivés sur le ciel... j'entendais le bruit terrifiant des pneus frottant la route... et les cris de détresse. J'entendais à présent les sirènes hurlantes des secours. Une voix douce me murmurait de tenir bon, en me signifiant que mes plus proches amis étaient là, à mes côtés. Je me sentais libre comme l'air, je n'avais plus la capacité de réfléchir, le vent semblait me mener vers une mort incertaine. En me réveillant, à l'hôpital... Koji Mastuki et Akio Miyake se tenaient devant moi, tremblotant comme s'ils observaient un défunt. Je n'avais pas la force de parler, j'échangeais avec eux des sourires fraternels. Nous sommes les trois plus grands amis du monde. Par miracle, ma sœur allait bien, tout était rentré dans l'ordre. Néanmoins je dois dire que l'homme que j'ai tué me hante énormément. Je dors moins, parce que mes nuits me sont insupportables. 

Il n'est surement pas utile de préciser que, tuer un homme n'a rien d'évidant. Ils disent tous que c'était pour le bien de ma famille, pour les protéger. Oh, bien sûr... je me réjouis de la bonne santé de mes proches. Mais il est délicat pour moi, de considérer cet acte comme bienfaisant. Néanmoins je ne le regrette pas, et justement c'est ça qui me rend cruel à mes yeux et qui me fait douter de qui je suis. Malgré tout ça, je continue à vivre alors qu'eux n'ont plus cette chance. Je dois avouer, céder de temps en temps pour un minable verre de Whisky, dans un somptueux bar de Temple. Régulièrement, je suis accompagné par des amis pour ne pas rendre cette sortie trop déprimante. Cependant il m'arrive parfois de me retrouver seul sur ma splendide terrasse, où je m'enfonce dans un confortable fauteuil en observant les magnifiques étoiles recouvrants le ciel.

La vie reprenait à peine sa tournure habituelle et ennuyante, qu'une tragique nouvelle était sur le point de me bouleverser au plus profond de moi. Après une épouvantable soirée de déprime devant mes multiples bouteilles vides, à me poser des questions sur l'intérêt de cette saloperie de vie. Je décide de rejoindre ma compagne dans notre chambre, et à ma plus grande surprise elle avait plié bagage, pour un horizon lointain, vague et inconnu. Sanglotant et bouche bée par la nouvelle fracassante, j'ai sombré pendant une certaine période dans l'alcool et la solitude. Pour briser ce cercle vicieux, je passais mes journées entières ainsi que mes soirées au travail, j'imagine que c'était le moment de ma vie le plus plaisant. Le plus facile a encaisser, je sombre... je suis perdu dans des constantes pensées négatives.

Richard Myers a écrit:Une qualité rédactionnelle remarquable et une histoire très intéressante ! Mes félicitations.