Le long de ces rues pleines de vices, un homme doit marcher sans jamais sombrer dans le vice, sans perde son éclat ni céder à la peur.

Préambule 

On se souvient tous où nous étions le onze septembre, moment où le monde s'est arrêté le temps d'un instant pour infliger dramatique mort à des innocents, des pères et mères de famille, des vigoureux policiers et pompiers. Il s'agit, je le conçois, d'un acte barbare qui est susceptible de se reproduire à tout moment. C'est pour cette raison que j'ai accepté une mission ordonnée dans la confidentialité la plus totale par le chef de la police de Stockton. Le bougre m'avait pourtant assuré que celle-ci ne présentait qu'un risque minime et qu'il rendait service à la nation. J'étais assis là, sur le tabouret d'un café minable, un repère de raclures. Je sirottais un fond de scotch en épiant cette demoiselle vêtue d'une courte jupe noire espérant désinvolture de cet être pourtant altérable. Après quelques messes basses désintéressées, elle quittait le bar en me tenant par le bras, j'étais fait comme un rat. Une allemande déboulait déjà dans la rue et abritait un homme avec un revolver ; mais ça je ne le savais pas encore. On marchait tout deux jusqu'à ma voiture et ce bruit sourd du pétard que portait le presse-bouton a coupé court à cette charmante rencontre, plus rien n'était audible, plus rien n'avait le moindre sens. J'étais déjà au sol, quant à la demoiselle.. elle venait de rendre son dernier souffle. Je palpais sa dépouille, et me redressait, il fallait fuir.. je ne pouvais plus rien pour elle.

Dans cette nuit sombre d'hiver, je marchais dans une sinistre ruelle occupée par les ivrognes et les sans abris dont la hardiesse gestuelle me coupait le souffle. J'étais arrivé ici par mégarde, guidé par le chagrin et la détresse. La gorge nouée, mes yeux offraient à mes joues quelques larmes amères. Je portais un costume trois pièces avec une cravate rouge abordable, le téléphone réchauffait mon oreille pendant que la douce voix féminine me scandait quelques consignes déplaisantes. J'étais tourmenté par ce sentiment indescriptible, il était grand temps de faire mes bagages. L'angoisse me rongeait, la mort me guettait, la vie me narguait; je n'avais plus le moindre allié. La guerre était perdue d'avance, je devais m'y résoudre.