[Background] Daesuki Kotoro

« Comme il me manque ». Alors qu’elle porte le thé à ses lèvres, Mme Kotoro semble perdue. Malgré les deux mois qui sont passés, la douleur reste intacte. Blessure infligée au plus profond d’elle, ses mains tremblent. Daesuki ne reviendra plus.
Déjà tout jeune il voulait voyager et faire ce que bon lui semblait. Il était destiné à être quelqu’un d’aléatoire mais rien ne laissait penser qu’il en viendrait à se volatiliser. Ici à Okushiri, les ragots avaient vite fait le tour de l’île et les habitants n’avaient de cesse de parler de Dae. Non pas qu’il fut une sorte de célébrité mais plutôt le cliché du petit garçon serviable et curieux. Tout le monde connaissait Daesuki, jeune il avait poursuivit ses études ici. Il s’était montré remarquablement intelligent et avait pu obtenir une bourse pour travailler dans le lycée de Chikuho, ville moyenne, située dans la préfecture de Fukuoka. Vouant alors un profond intérêt pour la philosophie, c’est dans les livres d’Hobbes et d’Hegel que le jeune japonais se verra mûrir intellectuellement à une vitesse prodigieuse. Daesuki sut se montrer brillant dans de nombreux domaines, mais se démarqua également comme un fils modèle. Présent pour sa famille malgré la distance, il rentrait quand il pouvait pour aider sa famille à tenir blanchisserie qu’ils géraient depuis maintenant deux générations. Sa nature curieuse et son gout de la découverte et de l’expérience l’avaient poussé à s’intéresser au monde sous toutes ses formes, aussi les habitants de l’île n’eurent cesse de parler de lui lorsque l’on annonça sa disparition soudaine. Dae était certes un enfant modèle mais une fois qu’il entama ses études supérieures son savoir le poussa à voir le monde autrement. C’est après s’être enfermé et avoir médité longuement dans sa chambre que le jeune homme changea soudainement. Son obsession était d’ordre empirique. Il souhaitait vivre des expériences, peut importe lesquelles, tant que ces dernières alimentaient sa pensée et ses réflexions.
Ainsi, il disparut. C’est lorsqu’il obtint une des uniques bourses attribuées aux élèves remarquables -afin de leur permettre d’étudier dans les grandes universités américaines- que Daesuki décida de se soustraire du monde dans lequel il était. A dix-huit ans, il quitte sa résidence universitaire sous les rayons d’un soleil bien matinal, un sac par-dessus l’épaule gauche, une pendule suspendue par une chaine métallique dans la main droite.

« Tout est si différent ici, le mode de vie américain est surprenant. Les valeurs semblent avoir disparues et c’est ici la consommation qui règne en maitre. Tous aliénés. Ne se rendent-ils pas compte qu’ils ne forment que le prolongement d’une machine, que l’élément d’une chaine d’assemblage. La société les a réifiés, ils ne sont guère autre chose que des automates dorénavant.
Il faut avouer que cela m’intrigue, je m’insèrerais bien dans le monde ouvrier afin de découvrir ce que ces braves types vivent au quotidien. Je me demande si je vais réussir, de toutes façons je n’ai plus le choix, soit je trouve un travail, soit je meurs. Je daterais dorénavant mes écrits qui sait ce que je ferais de ce carnet plus tard. » Arrivée à Los Santos.

« Ne trouvant pas de travail dans les usines, j’ai par chance réussi à me faire embaucher en tant que conducteur de véhicules agraires dans un complexe agricole proche de Blueberry. Le travail est dur mais la paye est bonne, j’aurai d’ici quelques temps de quoi me payer un véhicule, et louer une chambre chez quelqu’un. Pour le moment, je m’abrite où je peux, mais je n’en aurai bientôt plus l’occasion, les nuits sont froides ces temps-ci et si je souhaite un emploi plus stable, il me faudra également un logement. » Jour +1