Rumiko Sasaki - La lame du destin

SANG & ARGENT

En cette Hiver, la pluie tombe, le tonnerre gronde.
En cette Nuit, la lame tombe, les cris grondent.
Cette sensation qui m'enivre à chaque fois..
Intérêt ou plaisir.. ? Cette même question m'envahit chaque jour..

De la flotte. De la putain de flotte à perte de vue.
Il fait nuit noire, il pleut à torrent en ce soir d'Hiver

Et pourtant...
Elle est là, trainassant dans les rues de Los Santos.
Avec sa mine d'ange, son corps attractif, nouant habilement contraste et froideur parfaitement dessiné sur son visage. Sans oublier son regard vide qui ne laisse présager rien de rassurant.
Rumiko Sasaki. Une asiatique parmi tant d'autres.
Imaginerions-nous qu'une aura macabre et malsaine pourrait se dégager de cette
innocente personne vagabondant seule sous la pluie ?
Quiconque aurait pu être ce genre de personne, ce fût elle. Elle qui vient de pénétrer un
hôtel miteux de la ville pour s'y réfugier.
A quoi pense-t-elle ? Qui est-elle exactement ? D'où vient-elle ?

Que fait-elle dans cette ville ?

La clope en main, le cendrier rempli de mégot, elle est assise sur son lit, adossée contre le
mur, entourée d'un épais nuage de fumée que formaient la cigarette qu'elle se fumait et
ceux qu'elle n'avait pas terminés. Au bout de son lit, une belle panoplie de lames, allant
du rasoir au gros hachoir qui dormait paisiblement à coté de sa jambe gauche, brillant
tout aussi fortement les unes que les autres à la lueur de l'ampoule fixée au plafond
craquelé. Le regard de Rumiko semble perdu dans un dédale de pensée. La jeune femme
sait qu'elle ne pourra plus vivre très longtemps avec le peu d'argent dont elle disposait.
Consciente qu'elle devrait bientôt reprendre son activité, tuer. L'idée même de ce mot la
faisait trembler, tout comme ses victimes, mais d'excitation. Le sourire sadique qui vient
s'afficher sur son visage nous le fait parfaitement comprendre. Serait-ce les giclées de
sang qui l'exhaltaient ? Ou alors ce sentiment de puissance de se retrouver face à une
victime la suppliant de lui abréger sa peine ? Où bien tout simplement l'odeur qu'émane
des billets verts dont ces actes pourraient lui rapporter ? Elle même l'ignore, toutes ces
questions de morale dont elle s'efforce d'oublier qui rôdent dans son esprit à chaque
nouvelle victime.


Un peu plus tard dans sa nouvelle vie.
Elle est là, devant l'entrée, pensive mais à la fois décidée sur ce qu'elle ferai: des rencontres. Une rencontre nécessite une foule, la foule crée la rencontre. Un lieu de foule et de rencontre. Une boite de nuit semblait propice à tout cela, mais il faille attendre la nuit. Ce qui ramène à l'idée de départ, vagabonder.
Son argent, il allait bientot la quitter pour de bon mais comment le regagner, et en grande quantité sans être cadre supérieur ou une autre connerie du genre qui ferait péter plus haut et plus fort que son cul.. ? Ca aussi elle n'en avait aucune idée.. Toutes ces questions l'ont rapidement amenée au soir.

La voilà donc dans la boite de nuit ouverte cette nuit. Difficile à dire et à croire mais la seule rencontre qu'elle va faire ce sera avec un abruti débutant qui en a seulement pour le popotin de la nippone. Une putain d'entrée qui lui a justement coûté la peau des fesses pour se les faire reluquer.
Elle aura fini la nuit dehors, exaspérée par ce même abruti congénital qui la suit depuis un bon quart d'heure, manque de chance, ses lames ne l'accompagnaient pas.
Elle ne bronche pas, la situation est totalement normale pour elle, elle ne s'en fait pas car il est bien trop obsédé et préoccupé par elle et qu'il va finir la moitié de son corps sous un train. Une bien triste fin pour lui. La carcasse dechiquetée la fait frémir à ne plus supporter cette abstinence si néfaste pour son humeur qu'elle vient s'acharner sur ce qu'il en reste du corps avec des écrasements de têtes du haut de ses talons aiguilles. Elle jouit, elle gémit de plaisir au son que produit ses talons transperçant la peau et les os qui se craquèlent sous ses yeux grand ouverts et le sourire satisfait qui se prolonge jusqu'aux oreilles.
Sa révérence faite, l'argent du corps meurtri emprunté, elle vagabondait toujours. Elle avait remarqué un peu avant la soirée cette fête forraine au bord de la plage, sur ce pont.

Bien entendu, elle est fermée. Mais on pouvait s'y promener. Le vent souffle sur les nuages laissant paraître peu à peu la lune.. l'autre moitié ne semblait pas se découvrir. Cette moitié est en effet couverte par un autre nuage, plus sombre, isolé, une pointe de nonchalance. Il parait heureux là ou il est, proche de la lune, collé à elle.
Rumiko est intrigué par ce spectacle qui s'offre à elle, ne s'en détachant presque plus...

Daeva Ivraë

Dans cette pièce sombre éclairée uniquement par la faible lueur de la lune s'infiltrant par la fenêtre ainsi que celle du néon rose du motel, elle est devant cette homme. Un blanc de bonne famille, ses longs cheveux bruns descendant jusque sur ses épaules, son air supérieur tranché par un simple sourire accompagné d'un regard pervers qu'il n'hésite pas à balader sur le corps de la belle asiatique. Cette dernière se trouve devant l'insolent, vêtue d'une simple robe de chambre d'un tissu blanc et lisse révélant les formes harmonieuses de la demoiselle. Elle vient repousser celui qui la désire vers le lit sur lequel il vient s'allonger sans opposer quelconque résistance. Ses douces mains viennent parcourir le torse de l'homme, déboutonnant peu à peu sa chemise pour découvrir son torse. La déesse orientale vient arpenter ce dit torse de baisers, remontant lentement vers son cou, ce qui ne manque pas d'exciter celui se trouvant sous elle qui tente de lui dérober un baiser sur les lèvres qu'elle refuse de lui donner, se redressant lentement pour observer sa proie de toute sa hauteur. Son visage paisible se voit dessiner d'un sourire léger, un rictus perturbant lui conférant un air à la fois charmeur et affriolant, ainsi qu'un soupçon de danger que l'excitation de l'amant vient faire oublier. Celui-ci balade ses mains sur les hanches de la femme, glissant ses doigts le long du tissu en remontant vers la fine ceinture, seul lien tenant le vêtement cachant la peau de celle dont il veut le corps. Rumiko vient déposer sa main sur la sienne lorsque celui-ci tente de défaire le lien, lui faisant intimement comprendre qu'elle était la maîtresse de ce petit jeu de séduction, et qu'il devait donc la laisser faire. Il obtempère, et elle s'occupe de retirer sa tenue en dévoilant son corps si désiré, prenant un plaisir infini à la laisser glisser le long de ses bras en douceur. La voila désormais vêtue de simples sous vêtements noirs, toujours à cheval sur l'homme qui tente de maintenant de caresser doucement le dos de l'asiatique. Cette dernière l'en empêche une fois de plus, elle doit être seule maîtresse de l'instant présent. Elle vient à nouveau se frotter à sa proie qui semble ne plus pouvoir contenir ses désirs, profitant de l'impatience de celui-ci pour faire durer le plaisir encore, et encore. Dehors, un nuage passe devant la lune venant assombrir la pièce, ce qui n'as pour effet que d'accentuer le sourire de la déesse. Son visage devient soudainement plus fou, son regard se fait sombre, son sourire charmeur ne laisse plus place à ce sentiment, dégageant clairement tout le sadisme de la chasseuse. Elle vient plaquer sa main gauche contre la gorge de sa victime, glissant sa main droite dans son dos dont-elle arrache une dague qu'elle avait dissimulée jusque là à ce pauvre homme. Elle fait glisser la lame courbée le long du cou de l'homme, se léchant les lèvres en continuant de faire durer l'instant. L'air perverti par les désirs de l'insolent s'effaça, laissant place désormais à un air de terreur qui ne manque pas d'exciter encore plus la terrifiante femme. Pas un son ne s'échappa, la gorge de sa proie tranchée vive dont un filet de sang s'échappe lentement vient tacher les draps blancs. La demoiselle se penche de nouveau vers sa victime, glissant sa langue de long de la plaie, se délectant du sang s'en échappant. Le nuage s'écarta enfin lorsque la japonaise sortit du Motel, vêtue d'une tenue très semblable à celle des écolières de son pays d'origine. La clope au bec, elle disparut dans la nuit, un simple sourire satisfait aux lêvres. Elle avait soif.

Le silence éloquent

"Choisis donc une des voies proposées: Destruction, Ivresse, Néant, Désespoir.
Mon plaisir sera présent afin d'exaucer ton dernier souhait.
Ces voies sont bien sûr, toutes différentes les unes des autres, l'une pourrait être plus divertissante que l'autre comme elle peut être tout aussi ennuyante mais l'expérimentation est chose commune parmi ces différentes voies proposées.
La Destruction est artistique. Créative, exigeante, poétique, séductrice et sophistiquée. Elle a un faible pour l'Entier et déteste les objets cassés. Elle nous surprend toujours de manière théatrale et nous ne la quittons pas des yeux. Elle n'est peut-être pas encore attirée par toi. C'est compréhensible, elle attend surement que tu atteignes ton apogée avant de se manifester. Jusque là, essaye ne pas manquer tes prochaines offrandes.
L'Ivresse est sobre. Elle ne cherche pas à brusquer, elle préfère attendre avant d'agir, attendre le moment opportun pour simplement nous plonger dans notre sommeil, qui plus est, peut-être très long. Tu devrais ne pas saisir trop d'offrande à la fois, cela te sera surement utile, l'Ivresse est discrète mais surveille.
Le Néant est matérialiste. Généralement perçu comme la Mort, ce n'en est rien d'autre qu'une voie menant à cette Mort. Comme toutes les autres voies d'ailleurs.
Il n'est rien. Tu devrais comprendre la vie n'aura pas de sens, se diriger continuellement vers rien. A moins qu'il n'y ait plus rien à perdre, il est complexe et préférable de s'orienter vers une autre voie qui serait certes, plus accessible et amusante.
Le Désespoir est amical. L'Espoir, l'Emotion, l'Impuissance, la Perte, la Rage, la Solitude et surtout la Folie. Il sera toujours là pour toi, quelque soit la situation. Il y a certainement une chose dont tu tiens forcément, comme ces si belles lames et pourtant si indomptables. Elles ont soif.. Il pourrait surement les hydrater grâce à cet océan pourpre ondulant dans ton corps..
Tu as surement remarqué qu'Il avait de nombreux amis dont la Rage, la Solitude et la Folie. Ceux-là font également partie des principales voies, mais j'ai omis de les souligner.

Tu l'as probablement senti..
Je suis Solitude, tu n'es que Sacrifice.".

La pièce était assez sombre, l'éclair qui venait de surgir l'éclaira pendant un court instant.
Il était assis là, derrière ce bureau qui lui était, à la jeune femme, étrangement familier. Affalé sur la chaise en cuir, l'avant-bras perpendiculaire à la table, soutenant son menton. Il la regardait longuement, attendait-il une quelconque réaction de sa part ?
Sa prestance était mystèrieuse, sombre, intriguante. Le seul fait d'être immobile et silencieux tout en maintenant son regard faisait frissonner Rumiko. De plaisir ? D'excitation ? Surement pas. Elle venait de connaître un sentiment autre que l'excitation et l'exhaltation qui lui donnait même la chair de poule sur tout son corps qu'elle se mit à regarder comme si c'était la première fois qu'elle voyait son corps. Elle admirait ce spectable époustouflant qui se produisait devant elle, sur elle, en elle, et déclenché par une simple présence.
Au grand dam de sa propre personne, elle s'apercevait ensuite qu'elle était en petite tenue, légère malgré tout. Elle se mit à foudroyer du regard cette personne toujours affalé sur cette chaise, le soupçonnant de lui avoir fait pendant son "sommeil" toutes sortes d'actes non catholiques en son égard. Mais c'était impossible, elle l'aurait senti qu'il se passait quelque chose, alors pourquoi ce regard noir ?
Après un moment de réflexion, elle s'était levé du lit pour tenter de savoir ou elle était. La réponse fut instinctive, elle était en réalité dans son appartement fraîchement loué, dans son lit. Ce qui ne laissa pas la Rumiko indifférente face à cette situation peu probante à son goût.

Elle resta un moment bouche bée, fixant sa lame et le reflet sombre qu'elle réfléchissait sur le plafond sombre, dans cette pièce toujours sombre et cet homme là, le plus sombre qu'il soit. Elle le regardait, dos à lui, la tête tellement tournée vers lui qu'elle risquerait d'effectuer un 270°. Elle était vraiment dans le doute à ce moment là, cet homme avait été surement le premier parmi tant d'autres à exposer une telle présence à en faire perdre ses sens à en oublier sa chambre et ses lames.
Une moue dubitative qui en faisait tout son charme se dessinait sur son visage au fur et à mesure qu'elle se levait et se dirigeait vers l'interrupteur pour allumer la lumière. Marchant gracieusement, sous cette lumière tamisée qui mettait tout particulièrement sa silhouette en valeur sous cette tenue dont elle semblait insoucieuse face à lui, vers cette table et prendre une cigarette qui roulait sur la table qu'elle s'empressera d'allumer.

La lumière éclairait maintenant toute la pièce. Il se mit enfin à montrer une once de vie. Il se leva tranquillement et d'une démarche assez nonchalante, se dirigea vers l'interrupteur passant en même temps devant la japonaise sans lui accorder une quelconque importance et régla la luminosité en la mettant à son strict minimum.
Il marchait en sa direction toujours de sa démarche lente et tranquille pour s'arrêter devant elle. La fumée qu'elle venait de souffler se volatilisait lentement par le coté droit de son visage. Il se mit ensuite à empoigner doucement son visage, l'étonnement soudain de Rumiko fit tomber sa cigarette à ses pieds, son visage se voyait basculer légèrement vers le haut jusqu'à apercevoir sur le visage de cet homme un sourire sadique et sournois avant de lui prononcer ces mots:

"Choisis donc une des voies proposées..."

Choix arrangé

Elle était toujours endormie, sous sa couette, jusqu'au premier rayon de soleil qui s'infiltrait discrètement par le rideau et finir au niveau des paupières de Rumiko, et, comme après chaque réveil, elle entendait les disputes incessantes et parfois même violentes des couples vivant au dessus et à coté. Cela l'amusait, même si le silence passait avant tout dans ces heures matinales.
Elle se faufilait entre chaque couloir menant d'une pièce à une autre afin d'atteindre la douche sans oublier, au passage, de mettre la cafetière au travail.
Elle se remémorait encore de cette fameuse nuit où Lui, était là, à l'observer, pendant qu'elle s'interrogeait sur la situation pendant que Lui, était venu pour lui proposer un choix, même plus, une alternative à la mort ! Un dilemme entre une mort banale et une mort profonde ? Comment choisir.. Dans tous les cas, la Mort était inévitable..

Les préparatifs terminées. Vêtue d'une simple jupe plissée noir et un trench-coat par-dessus, elle sortait enfin de son taudis. Il neigeait. Elle s'allumait une cigarette avant de commencer sa marche quotidienne pour se rendre à son lieu de travail. Une clinique peu commune, surement locale où elle était secrétaire médicale, un métier dont elle n'espérait guère. Elle voulait devenir vétérinaire ou psychologue, comme toutes les fillettes avant qu'elles ne découvrent les joies d'étudier une belle décennie pour finalement rien et se dire ensuite qu'elles voulaient être vétérinaire parce qu'elles adoraient les animaux et qu'elles feraient n'importe quoi pour les protéger et pour qu'ensuite ne plus résister lorsqu'un jeunot en plein excès d'hormones les invite dans ce fameux fast-food américain, qui, de fil en aiguille, les jettera comme une vieille chaussette après avoir eu ce qu'il voulait d'elle. Vînt donc, les prétendantes en psychologie qui ne se contente que de consoler leurs amies éhontées en leur disant seulement qu'il n'était qu'un imbécile qui n'en voulait que pour sa poire et qu'elle en trouvera bien d'autres, "meilleurs" mais qui n'en restent pas moins, débordant d'hormones.
Tout comme le directeur de la clinique. Un pervers, toujours présent pour reluquer les femmes, employées ou non, et raconter ses anecdotes personnelles inintéressantes ainsi que ses blagues salaces. Il avait probablement une petite préférence pour la japonaise qui elle, était totalement indifférente et qui espérait un jour, lui faire payer cet irrespect. D'ailleurs ce jour allait probablement arriver.
Elle entrait dans le bureau du directeur, il était là sur sa chaise, baladant ses yeux sur le corps de la femme, ne manquant point de lui faire remarquer sa nouvelle tenue qui mettait bien en valeur ses jambes.

"Je vous invite à dîner ? dit-il suivi de son clin d'oeil le plus incrédible qu'il puisse paraître.

- Je démissionne, je repartirai ce soir.

- Ah et pourquoi ? Je ne suis pas assez intéressant pour vous ? Si vous voulez une augmentation.. On pourrait.. S'arran....

- Je démissionne, reprit-elle en haussant cette fois-ci la voix.

- Pourtant je pourrais vous satisfaire, si vous me montrez cette nouvelle tenue de plus près, répondit-il d'un ton hautain accompagné d'un petit rire béat.

- Ma tenue.. ? ajouta Rumiko, je porte juste votre deuil".

Elle repartit donc sans dire un mot, laissant derrière elle, le directeur, assez en rogne malgré lui.

Le soir, alors qu'elle sortait pour la dernière fois de la clinique, la neige avait redoublé d'intensité. Sa cigarette pouvait attendre durant cette longue marche sur ce tapis de poudreuse.
Elle avait pris cette ruelle pour rentrer plus vite et ne plus faire attendre cette cigarette qu'elle avait soigneusement remis dans sa boite. Elle marchait tranquillement toute seule, dans ce passage sombre et silencieux jusqu'à se faire soudainement sauter dessus par quelqu'un. Ce quelqu'un s'avérait être son ex directeur qui avait surement mal pris de s'être fait rejeter par son employée et en particulier celle qui lui avait tapé dans l'oeil.
Elle se démenait, se débattait. Lui, était sur elle, à vouloir lui faire subir toutes sortes de choses pas nettes. Il essayait de l'immobiliser, tandis qu'elle tentait de le repousser..

"Ca ne peut se terminer comme ça.." pensait-elle, remplie de haine.

A cet instant, l'ex directeur qui était sur elle, ne bougea plus d'un cil, comme-ci le temps s'était subitement arrêté. Un coup du destin ?
Elle le fixa longuement, intriguée et à moitié choquée par ce qui était entrain d'arriver à l'agresseur. Il se laissa tomber sur le coté, dévoilant par la suite, une ombre qui était derrière lui.

"As-tu fait ton choix ?"

Neige pourpre

Le silence était de la partie, on n'entendait plus que le vent qui soufflait de plus en plus fort tandis que la neige redoublait d'intensité dans cette ruelle sombre où seul un lampadaire éclairait du mieux qu'il pouvait avec toute la neige qui le recouvrait petit à petit et qui assistait à l'étrange scène qui était entrain de se passer non loin de lui.

"Intéressant... "

Il était là debout, face à elle toujours au sol. La cravate qui volait, réagissant au souffle du vent, une main dans la poche, une attitude glaciale. C'était bien Lui. Aussi étrange qu'il puisse être, il tenait dans son autre main une seringue qu'il fixait avec intérêt. Il détourna ensuite son regard, sans mouvement de tête, vers Rumiko et jeta la seringue à coté d'elle, s'enfonçant sous la neige progressivement dont elle s'empressa de saisir et de l'analyser.

"C'est..

- Une petite introduction de l'Ivresse, reprit-il d'un ton assez ironique,

- De l'acide gamma-hydroxybutyrate.. ? s'étonna la demoiselle après avoir lu les inscriptions sur la seringue,

- Aussi "GHB" et plus communément "drogue du violeur" ajouta-t-il légèrement agacé, as-tu fait ton choix ?

- Mon.. Choix.. ?"

Son choix ? Choisir la façon dont elle allait mourir ? Ce n'était pas du tout prévu dans ses plans, de mourir. Mais alors, quel est donc ce sentiment d'obligation qu'elle ressentait ? Elle se sentait forcée de faire un choix, que choisir ? Elle était donc entrée dans cette spirale infernale où elle entendait ces fameuses voies l'appeler, chacune leur tour comme si elles voulaient s'emparer d'elle, de s'approprier son corps, de n'en faire qu'une. Destruction, Ivresse, Désespoir, Néant, Désespoir, Ivresse, Destruction, Ivresse, Néant, Ivresse, Destruction, Ivresse, Destruction, Ivresse... Son choix était presque fait, elle hésitait désormais entre la Destruction et l'Ivresse mais Il lui avait montré une brève introduction de l'Ivresse, mais qu'en était-il de cette introduction ? Qu'avait-il introduit ? Serait-ce la seringue, cette Ivresse ? La seringue lui faisait tout simplement repenser à la clinique dans laquelle elle travaillait et ne voulait plus y penser.
Elle reprit ses esprits, regardant Lui, et lui répondit instinctivement: "La Destruction".

"Je sais......." souffla-t-il de ses airs sadiques et malsains en même temps qu'il décrochait quelque chose de son dos, se dévoilant progressivement de l'ombre. Il balança ensuite cette chose aux pieds de Rumiko.

L'objet était recouvert de bandelettes, la curieuse n'hésita pas un instant à défaire rapidement ses bandelettes et identifier la chose. Une lame luisante et exaltante fit son apparition. Le peu de lumière qu'émettait le lampadaire suffisait à sa surbrillance funeste, mais elle semblait manquer de quelque chose. Elle avait soif, elle réclame du sang, le sang de celui qui gémissait au sol, inerte.
La jeune femme se voyait trembler, elle frémissait d'excitation à l'idée de pouvoir inverser le sourire pervers de son ex directeur, de lui faire payer tout cet irrespect.
La première giclée de sang vînt donc de jaillir, jaillir à l'impact brutal de la lame crochetée et le larynx de la pauvre victime. Son cri étouffé par le sang donnait l'impression d'un cochon venant de se faire égorger, c'était par ailleurs, un peu le même scénario qui était entrain de se produire. Les gémissements de douleur ne s'entendaient presque plus, les cordes vocales devaient être maintenant déchiquetées, les mouvements incessants de la lame approfondissaient davantage la blessure causée, tellement profonde qu'il ne restait que trois-quarts de la peau qui restaient encore accrochés au reste du corps. A ce moment là, on pouvait voir la tête, voulant profiter de son court laps de temps de vie, lancer un dernier regard et un sourire pervers inachevé qui ne manquait bien évidemment pas de rendre la demoiselle hors d'elle face ce manque de respect éternel qui lui était convié. La voilà maintenant, s'acharnant sur la tête fraîchement découpée où les coups fusèrent à tout-va décapitant par la même occasion oeil, cervelle.. Ce n'en serait bientôt qu'un bon plat d'oeufs brouillés.

Un joli dégradé de blanc virant au rouge se formait au sol, résumant parfaitement la scène qui venait de se produire dans cette ruelle sombre et vide, une silhouette s'évaporant continuellement dans la pénombre avant de disparaître complètement sous cette neige abondante.

"Un choix.. Exquis."

Introduction concluante

Le silence régnait toujours dans la pièce du séjour, un tel silence qui nous en ôterait l'ouïe. Tout ce silence ne semblait pourtant pas l'affecter, elle, cette lame gracieuse de son cri strident réclamant à sa maîtresse le sang de Lui, qui lui, était affreusement indifférent face à elle qui a renversé, pour la première fois, la situation en prenant cette fois la position dominante.

"Tu n'as pas besoin de le savoir, dit-il d'un ton à la fois calme et menaçant,

- Vous êtes bien arrogant alors que votre tête est sur le point d'être découpée, rétorqua-t-elle en forçant un peu plus la lame contre sa gorge, créant une petite écorchure faisant couler légèrement le sang sur sa lame

- Venant de quelqu'un en sous-vêtements, c'est presque affligeant.."

Cette dernière phrase remplie d'ironie et de sarcasme n'eut bon que de mettre en rage la jeune femme qui en tremblait d'excitation de devoir le tuer pour cette provocation subtile qu'elle en tenait maladroitement sa lame. Il posa sa main sur le côté tranchant de la lame et la dégagea de son cou, elle ne semblait plus forcer sur sa lame, elle la fit d'ailleurs tomber sur Lui.

"Si facilement irritable" ajouta-t-il d'un sarcasme sérieux,

Il rejoignit ensuite la chaise sur laquelle il avait soigneusement accroché sa veste sur le dossier après avoir regardé de fond en comble sa chemise tachetée par son précieux thé gâché lorsqu'elle lui a surgit dessus qu'il ne pût éprouver que par un simple soupir d'agacement. Il enfila par la suite sa veste sans manquer d'ajuster minutieusement sa cravate et lancer un bref regard en direction de la jeune asiatique qui lui lançait quant à elle, son regard le plus noir. Il regagna enfin la porte où il disparût sans laisser de trace, sauf cette carte qui a surement été oubliée ou délaissée malencontreusement pendant l'altercation des deux personnages.

Elle regardait pendant un long moment cette fameuse carte, se disant qu'elle pourrait enfin savoir qui est cette mystérieuse personne qui s'était manifestement incrustée dans sa vie de son gré et qu'elle saurait également ce qu'il faisait vraiment et pourquoi était-il la. Elle s'empressa donc de saisir la carte et la retourner afin d'en voir le contenu et de s'apercevoir sur son visage une certaine déception voire de haine profonde de ne toujours savoir rien sur Lui.
Il y avait en effet, sur cette carte d'un noir intense un simple logo difficilement cernable d'un gris très foncé se rapprochant presque du noir, rien que de tenir cette carte lui en donnait la chair de poule. Sa frustration maintenant au plus haut point, elle ne pût s'empêcher d'éclater de rire, rire de ce qu'il lui arrivait, rire de s'être fait avoir stupidement sans avoir rien pu faire ensuite, rire d'elle. Un rire qui vire peu à peu à la rage, elle s'empara de sa lame tranchante et fit subir le pire des courroux au pauvre canapé de cuir qui n'avait absolument rien demandé de tel, victime indésirable de sa folie meurtrière.

"Bientôt..."

Sombres hauteurs

Le ciel dévoilait enfin ses premières lueurs qui pénétrèrent en une fraction de seconde la pièce principale. Là où dormait Rumiko, sur ce grand canapé dont elle occupait à peine un tiers de celui-ci. Elle ouvra les yeux dans les coups de sept heures, sept heures et vingt-et-une minutes exactement. Elle restait couchée, le regard fixé au plafond et ne semblait pas bouger d'un cil. La bouche mi-ouverte d'où elle respirait et sa chevelure étalée sur tout le canapé.
Elle bougea ensuite sa main droite devant elle, faisant quelques rotations du poignet où elle pouvait facilement déceler, encore, les marques rouges des cordes serrées qui la retenaient. Elle s'était enfin mise à observer un peu plus loin que le bout de son museau et s'était à moitié levée pour observer l'endroit où elle était. La pièce était assez claire, les murs peints d'un blanc écru et le sol d'un parquet gris foncé et dominés par ce grand canapé. Elle posa délicatement son pied au sol, puis l'autre, et marcha en direction de la baie vitrée qui se trouvait juste derrière elle. La vue était admirable, paisible et jouissif, du moins c'est ce qu'elle ressentait, d'être positionnée au dessus de tout le monde, la supériorité qui la rendait si heureuse. Elle continuait sa balade pédagogique, menée par sa curiosité, marchant gracieusement de la pointe de ses pieds vers ce grand piano, un piano à queue d'un noir brillant et luisant qui contrastait parfaitement avec la lumière, on avait d'ailleurs l'impression que cette lumière se faisait absorber par cet instrument de musique et la convertissait en une sombre clarté qui contribuait à la beauté ténébreuse de ce piano.
Elle commença à appuyer aléatoirement quelques touches de l'instrument, alternant insoucieusement et curieusement touches blanches et touches noires de sa petite patte, mais qui ne créait pas d'harmonie sur ce qu'elle entreposait jusqu'à apercevoir, derrière ce piano, un fauteuil assez large proche de la cheminée éteinte. Elle arrêta soudainement son récital et prit son air intrigué mais méfiant après avoir vu ce bras qui dépassait légèrement du fauteuil. De ses pas feutrés et discrets, elle s'approchait doucement du fauteuil pour enfin apercevoir une personne, affalée sur le fauteuil et les jambes sur la table basse devant elle. C'était Lui.

Sa posture était telle qu'elle lui rappelait familièrement leur première rencontre qui avait eu lieu, cette fois-là, chez Rumiko, le poing qui soutenait sa tête, et le coude sur l'accoudoir, sauf qu'il ne dormait pas, cette nuit-là. Elle le regardait longuement, se demandant encore comment et pourquoi était-il toujours dans les parages, à la surveiller. Elle avait, par ailleurs, remarqué l'énorme tâche sur toute sa chemise qu'il n'avait visiblement pas changée depuis ce moment, ce moment avant qu'elle ne se fasse enlever, ce moment où elle était probablement décidée à lui trancher la gorge pour avoir fait irruption et ne pas s'être présenté comme il se devait. Une moue dubitative s'afficha manifestement sur son visage après avoir fait le lien de la tâche de la tasse de thé renversée et causée par sa faute, qu'elle ne pût s'empêcher de sourire légèrement accompagné d'un souffle.

La jeune femme se remémorait ce qu'elle avait vécu la veille au soir, le souvenir de la cave humide et froide avec elle au milieu de cette cave, luttant contre l'inconscience qui semblait la dominer et les deux hommes présents qui étaient prêts à lui faire subir tout type de torture et autres actes malsains possibles. Elle repensait d'ailleurs à ces deux là et espérait qu'ils soient morts. Enfin, la dernière chose qu'elle avait entendue était ce bruit assez fort dans la cave avant qu'elle ne perde connaissance jusqu'à maintenant. Sa frustration de ne pas pouvoir se souvenir de quoique ce soit pouvait se ressentir sur le canapé sur lequel elle était assise et qui grinçait fortement au contact des griffes de la japonaise.

"Peux-tu me la rendre ?"