Orren Brand: we shall overcome
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Forum CeMondeLeVotre Rôleplay — GTA:SAMP :: COMMUNAUTE: DISCUSSIONS DIVERSES :: Background de votre personnage
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Orren Brand: we shall overcome
Orren Brand: We shall overcome
Ce background se compose sous la forme de textes éparses et séparés qui ne suivent pas nécessairement une chronologie.
Ils sont écrits selon mes pensées et mes besoins du moment.
- Le premier amour d'Orren Brand:
- Oui, j'ai eu un premier amour, comme à peu près tout le monde. Je n'ai d'ailleurs pas échappé à la règle : soit ce premier amour est castrateur soit il est enivrant de puissance. Il se trouve que le mien fut un parfait échec, et j'eus l'occasion de constater par la même la profonde perversité féminine.
L'activité amoureuse obéit aux mêmes lois que le marché : il est question ici d'offre et de demande, du qualité du produit. Il est vrai que je n'ai jamais été un bien de qualité et que je n'ai jamais fourni de prestation sexuelle particulièrement stupéfiante, j'étais au fond assez banal et c'était déjà assez condamnant comme cela.
L'affaire coulait de source. Je venais d'entrer à l'université et j'étais gonflé d'ambitions estudiantines et sexuelles. J'étais particulièrement brillant et assistais à des cours fortement contingentés en compagnie d'une jolie et douce étudiante en droit. Nous bénéficiions tous les deux, en comité restreint, de cours de finnois. C'est précisément le premier piège que m'a tendu l'amour : à croire qu'il y avait un point commun d'envergure, - le finnois -, j'étais profondément assuré de la réussite de mes avances. Oh ! Ah ! Elle étudie le finnois ! En voilà, quelque chose de magnifique ! Vous avez déjà vu des gens intéressés par le finnois, vous ? Moi, jamais. Je doute même que les finlandais eux-mêmes soient intéressés par leur propre langue.
Nous fîmes lentement connaissance, je crois que je lui plaisais un petit peu. Une amie que je m'étais faite à l'université et qui était rapidement devenue une mère par substitution, qui me maternait et m'aidait dans l'apprentissage de l'amour, me conseillait de ne pas aller trop vite, de laisser se faire le cours des choses, comme si l'amour obéissait au temps, gibier reposant le long des berges et attendant un valeureux chasseur pour s'en saisir sans difficulté... Je considérais le conseil de cette amie providentielle pendant plusieurs jours, mais j'observais aussi avec consternation l'empressement auquel se prêtaient les vrais garçons, ceux avec des biceps et des grosses bites. Ceux-là se dirigeaient droit vers les jolies filles avec une assurance invraisemblable, ils en imposaient avec leur charisme et leur prestance et alpaguaient ces créatures. Pas besoin de romantisme, là ! On ne s'embête pas avec ça, pauvre fou ! Quand on a le moyen de plaire, quand on fait frémir les entre-cuisses de ces dames par un simple regard, les détours sentimentaux ne sont pas nécessaires... les roses, les sourires, les avances, le flirt, c'est le seul moyen des faibles en amour. À défaut de conquérir par la beauté du corps on amadoue, on manipule, on charme comme un bougnoule charmerait un serpent. L'amour c'est la voie d'accès au sexe pour les ratés. Les vrais garçons et les jolies filles, eux, n'ont pas besoin de prétexte, le caractère pleinement charnel de leur coït peut être assumé sans honte.
Je gonflai donc mon torse et décidai de saisir le problème à bras-le-corps. J'intensifiais mes approches, faisait en sorte de souvent la croiser en des lieux stratégiques ; il m'arrivait de marcher parfois lentement pour qu'elle me rattrape naturellement, parfois vite pour que je puisse la rejoindre et prétendre que je la voyais par hasard. Je lui proposais, enfin, au bout d'à peu près un mois, de l'inviter au cinéma. Elle accepta sans maugréer et nous décidâmes que j'irai la chercher le lendemain.
L'amour est un alcool. À mesure de l'ivresse, un sentiment de toute-puissance se crée en conséquence de l'incapacité de notre intelligence à comprendre la réalité. Et tout comme l'alcool, le plus souvent, l'amour mène à des catastrophes...
Armé d'un bouquet de fleur et remonté comme une pendule, je me dirigeai vers sa chambre universitaire. Ce soir serait le grand soir, ce soir il y aurait quelque chose de concret, de réel, ce soir, je me livrerai. J'appréhendai les escaliers puis m'engouffrai dans le corridor menant tout droit à sa divine chambre qui était devenue pour moi, le temps de ma passion, le temple de la féminité et de mes espérances. Souriant comme un amoureux, j'ouvris la porte, brandissant les deux places de cinéma et un bouquet de roses (j'étais, en plus d'être un incapable, un parfait ringard).
Ma vigueur se mua en torpeur assez rapidement, abruptement même. Je la voyais, la salope, sur son lit une place, un lit d'étudiante, se faire prendre par une monstruosité sportive, un système de muscles et de peau dorée, que j'avais vu auparavant jouer dans l'équipe de football universitaire. Alors en pleine saillie, elle me regardait comme un Waffen-SS compatissant (si tant est qu'il y en ait eu) aurait regardé un tremblant déporté s'avancer vers les chambres, un regard teinté d'excuse et de victoire. Lui, qui était sur elle, continuait sa chose, dans l'absurde ignorance de ma présence. J'étais castré net. On m'avait arraché mes attributs. Je refermais poliment la porte derrière moi, le souffle coupé et la gorge lourde, et contemplait les autres résidents qui me reluquaient avec bizarrerie et parfois compassion - ils devaient avoir été au courant avant moi qu'il y avait déjà séance tenante dans la salle plénière de l'amante devenue salope. Je continuais de sourire, comme pour maintenir une dernière digue de résistance face au flot de larmes qui embuaient lentement mes yeux et fis lentement le chemin du retour, donnai les deux places du cinéma à un étudiant hébété passant par là et jetai les roses par terre en passant devant la statue du fondateur de l'université.
Je ne sais plus s'il pleuvait ce jour-là où si le soleil faisait honneur aux cerisiers du parc de ma résidence, je ne me souviens que de l'aridité qui prenait place en moi et qui devait définitivement se transformer en aigreur contre les femmes et contre le monde entier. Cette amertume, je la ressentirai dans chacune de mes plaidoiries en tant qu'avocat, comme caractéristique de ma volonté de retourner le monde, de le mettre en bazar et de supprimer les récalcitrants. On avait peut-être réussi à me soutirer ma virilité mais on ne me prendrait pas ma haine, elle était désormais toute mienne.
De ce tragique évènement je me trouvais terriblement confus, mais je comprends aujourd'hui qu'on peut tracer trois issues fondamentales de ce genre de défaites : le viol, la déviance ou le suicide.
Le problème du viol, en plus de son illégalité et de sa moralité douteuse, c'est que la technologie moderne permet aux enquêteurs de retrouver très vite, très précisément et très efficacement son auteur. Deux uniques moyens sont pertinents pour dissimuler un viol : l'influence psychologique sur la victime (c'est le cas du mari qui viole sa femme soumise) afin d'empêcher toute délation ou la suppression pure et simple du corps. Sur le terrain psychologique j'étais lessivé, la vision d'horreur de sa chambre investie par une virilité autre que la mienne m'avait supprimé toute volonté et toute force. Quant à la suppression de son corps après l'avoir violée, elle me paraissait inconcevable : j'aimais trop son corps... L'issue du viol me marqua quand même durablement et je pris un goût particulier à défendre devant les cours de justice le long de ma carrière les pires violeurs récidivistes que ce pays a pu compter. Je voyais en eux la même flamme de rage et de désarmement qui avait brûlé fut un temps en moi et dont la suie recouvrait encore les parois de mes poumons.
La déviance est une issue déjà plus pratique, plus répandue et plus efficace. Elle se meut parfaitement parmi les milieux fétichistes : scatophilie, fétichisme, sado-masochisme, etc. Dans ces milieux, l'objet de la sexualité n'est pas le corps ou les êtres en soi mais une mise en scène particulière, un procédé ou une matière (dans le cas de la scatophilie, la merde). On peut être particulièrement hideux et bedonnant, tant que l'on se plie aux fantasmes fétichistes, il y aura toujours une possibilité sexuelle. Il est aisé d'intégrer de tels milieux, à la condition d'être de confiance et le plus souvent de maintenir une clause tacite de confidentialité. J'aurais pu avoir une vie sexuelle parfaitement pleine et débridée dans les bas-fonds de ce que la luxure pouvait proposer comme pêchés, mais le souci, c'est que je n'étais ni scatophile, ni fétichiste, ni sado-masochiste, j'étais quelqu'un de franchement banal, et les gens classiques ne se satisfont que de choses communes, or c'est bien parce que l'amour est commun qu'il est discriminatoire... Il suffit de ne pas rentrer dans le moule amoureux, de ne pas pouvoir fournir aux dulcinées les attributs physiques ou moraux qu'elles exigent d'un vrai gars et nous voilà mis au ban de ces soirées de week-end où des villes entières font l'amour, ponctuées quelquefois par la solitude de mes semblables...
Le suicide est probablement l'issue la plus intéressante et la plus complète, mais c'est surtout la plus marquante et la plus noble. Déjà parce que l'histoire du suicide est fabuleuse et remonte au moins jusqu'à Socrate et les tragédiens grecs. Porter atteinte à sa vie c'est endosser le formidable fardeau de l'histoire universelle des gens malheureux qui n'ont eu, face à l'absurdité du monde dans lequel ils se trouvaient par hasard, que la suppression de soi comme issue. Mais aussi parce que le suicide est l'apogée de la vitalité. Fabuleux paradoxe à première vue ! Et pourtant, quand Himmler, tout débraillé, traversait des forêts allemandes lors de la débâcle du Reich, gardant à sa bouche une capsule de cyanure jusqu'à sa capture par les Alliés, moment où il la fit craquer entre ses dents, ne présente-t-il pas au monde une volonté de vivre ? Himmler, aussi mauvais qu'il fut, avait un idéal : il ne voulait pas vivre dans ce monde qui ne lui conviendrait pas, qui n'était pas à la hauteur de ses espérances, il ne voulait pas vivre dans la déception et l'échec. Et conservant sa volonté de vivre dans un autre système, il se supprima de ce nouveau monde qu'on lui proposât. Quand Phèdre boit le poison qu'apporte Médée dans Athènes alors que l'objet de son amour incestueux a péri à cause d'elle, c'est une volonté de vivre d'une autre manière qui émane de son dernier souffle. Rien ne représente mieux la vie que le suicide.
Si le suicide était mortifère, cela se saurait : avez-vous déjà vu des morts se suicider ? Pas moi.
La problématique du suicide m'a encore plus touché à la mort de mon malheureux frère Milton, qui ne trouva comme expression de sa volonté de vivre avec la femme et l'enfant qu'il a abandonnés que de se jeter du haut d'une falaise... Même si cet abominable être humain, constamment pleurnichard lorsqu'il était enfant, monopolisant inlassablement l'attention par ses caprices et ses pleurs (il rendit dépressive notre mère quand il fut nourrisson de par sa détestabilité) n'avait de moi qu'une diplomatique tolérance en raison du lien du sang qui nous unissait, je fus profondément marqué par sa disparition.
Pourtant, je ne me suis pas suicidé et j'échappai aux trois issues précédemment énumérées. Par chance, d'ailleurs, car la vie recelait encore de nombreuses portes que j'aurai l'occasion d'ouvrir. Cette garce et notre relation avortée m'auront plongé dans mes études avec une ferveur éclatante reconnue par mes professeurs et le doyen.
Mais surtout, cet évènement m'aura fourni une raison de vivre. Je ne le découvris que de longues années plus tard en réfléchissant sur mon parcours. Cette injustice amoureuse dont j'avais été victime m'avait donné foi en ma formation et en mon métier. Si même l'amour, sentiment censé être le plus noble sur terre, le plus pacifique et le plus beau, le plus représenté dans l'art, le plus universel, si même l'amour ne pouvait être gouverné par des normes ou des règles vivables qui permettent au plus indigent sentimental de pouvoir profiter d'une forme de justice, alors la Loi et le droit prenaient tout leur sens et toute leur légitimité dans les relations humaines.
Cette défaite qui me marqua pendant toute ma jeunesse instilla en moi une certaine conception de l'existence. Les morts, les batailles perdues, sont la raison de vivre des vaincus.
- La première cliente d'Orren Brand:
- Ma première cliente fut accusée en 1992 d'avoir tué son petit garçon de quatre ans à l'aide d'un couteau de cuisine une nuit d'été.
C'était une jeune femme de vingt-sept ans qui, pourtant jeune, était déjà profondément marquée par la vie.
Le père l'avait quittée dès la naissance de l'enfant qu'elle avait du élever seule. Nourrisson, le petit était insupportable. Il hurlait constamment et n'avait pas fait ses nuits jusqu'à son douzième mois. Ma cliente, épuisée, avait recouru l'aide des services sociaux dès sa naissance, notamment afin d'obtenir un soutien financier. Serveuse dans un fast-food et non-qualifiée, cette mère précoce devait supplier le patron du restaurant de garder son enfant alors qu'elle nettoyait les tables et servait les clients, et ce en l'échange de quelques fellations chaque semaine.
Elle restait pourtant dévouée à l'éducation de son fils bien que disposant de très peu de moyens financiers. Les fins de mois étaient chaotiques et une part significative de la consommation alimentaire du ménage provenait de la charité religieuse de l'église du quartier et de l'Armée du Salut.
À peine l'enfant sut-il marcher qu'il fuyait constamment, se cachait sous les meubles, disparaissait puis revenait, faisait intentionnellement tomber les rares bibelots du taudis dans l'appartement miteux qu'ils habitaient. Travaillant huit heures par jour, le gamin partageait son temps entre l'huile de friture et la télévision non-câblée - il n'avait comme seul divertissement que quelques livres et deux cassettes de dessins animés.
Tout commença avec une contravention pour avoir garé son véhicule sur une place dont le stationnement était réservé aux véhicules prioritaires. L'amende à régler atteignait un montant de 50$. Ma cliente, finissant ses fins de mois avec des dettes officieuses et des fellations occasionnelles pour tenter de fournir à son fils des lambeaux de dinde coincés entre deux tranches de pain sec, n'avait évidemment pas la capacité de régler cette amende, ni aujourd'hui ni le mois prochain.
Un recours en annulation qu'elle remplit elle-même auprès de la ville de Salt Lake City échoua. Elle se présenta à la Cour de Justice chargée des contraventions routières et échoua à défendre son affaire, s'écroulant en larmes devant le juge.
La loi du Comté de Salt Lake prévoit une augmentation de l'amende de l'ordre de 30% par semaine impayée. Au bout de deux mois, l'amende atteignait 407$.
Un soir, rentrant de son travail avec son fils qui n'allait toujours pas à l'école maternelle, elle reçut à nouveau un courrier attestant que l'amende passait cette semaine à 894$, et que si celle-ci n'était pas payée sous cinq jours, ma cliente serait mise en état d'arrestation et présentée devant un juge du comté, risquant une peine de détention de plusieurs semaines.
Elle lut la lettre et se retournai ; le bambin avait renversé le destop sur la moquette du salon. Ma cliente pleura une nouvelle fois, saisit un couteau de cuisine et poignarda l'enfant de sept coups consécutifs. Douze minutes plus tard, après avoir tenté de réanimer sa progéniture, et l'avoir accompagné durant ses derniers instants en le portant dans ses bras, déjà hantée par les regrets, elle appelai le 911 et demandait une unité de police chez elle, affirmant qu'elle venait de tuer son enfant.
Il suffisait d'une amende de 50$ pour stationnement gênant.
L'effet papillon est en fait une idée reçue, une erreur logique. Ma cliente n'aurait elle pas reçu cette amende que le résultat en eut été le même. Un jour ou l'autre, accablée par les choses de la vie, par sa misère extrême, par sa profonde solitude, par son exploitation, sa prostitution forcée durant les fins de mois et cet enfant qu'elle n'aimait plus malgré elle, une personne allait mourir ; c'était soit elle, soit l'enfant, ce put être les deux. Dans tous les cas et dans toutes circonstances, lorsqu'une vie n'est faite que de fiente et d'échecs, elle mène, en règle générale, à des circonstances désastreuses.
Placée en état d'arrestation et médiatisée, le visage photographié et exhibé dans tous les journaux de la ville, ma cliente était le visage du crime et des mères irresponsables. Rapidement l'opinion public l'accusait d'être une junkie et d'avoir attouché sexuellement son rejeton. Le Procureur du Comté ordonna que l'on recherche particulièrement sur le corps de l'enfant que ma cliente n'avait pas comme habitude d'insérer des objets dans l'anus de son fils, pratique soi-disant courante chez les mères déviantes.
Naturellement, lors de l'audience préliminaire, on informa ma cliente qu'elle avait le droit à un avocat commis d'office, et c'est moi qui fut appointé par la Cour pour défendre ce cas indéfendable.
Lorsque j'entrai dans sa cellule, elle s'effondra en larmes. «Maître... j'ai tué mon fils... prenez-moi dans mes bras.» Désemparé et abasourdi, je prenais cette femme dévastée dans mes bras, les siens étaient maigres, faibles mais nerveux, et je pouvais sentir dans son étreinte cette tension constante à laquelle elle était soumise, ce déchirement en elle, cette tristesse profonde d'avoir perdu son chérubin, cette haine contre elle-même d'en être l'unique responsable, cette honte incommensurable suite à l'humiliation qu'on lui réservait et dont elle était spectatrice - elle lisait en effet les journaux dans la prison du comté.
Nous nous mîmes au travail en dépit de son état apathique afin de constituer une ligne de défense, qui ressemblait davantage à une course au vice de procédure. Je compris rapidement qu'il n'y en avait aucun. Elle devait alors se repentir, contribuer à sa propre humiliation, dire à quel point elle fut une mère terrible devant le juge et les jurés, demander aux hommes l'indulgence de Dieu. Cette femme n'avait plus sa vie en main, mais je doutais au plus profond de moi que cela date des faits. Je reste aujourd'hui toujours convaincu que le destin de cette femme était déjà tracé dès le moment où elle tombai enceinte du petit.
Trois semaines plus tard vint l'audience qui devait valider l'évidente condamnation de ma cliente. Mais plus que l'audience, je me souviendrai toujours de la conversation que j'eus avec elle une heure avant le début de son apparition devant la justice.
«Maître, pourquoi me défendez-vous ? Personne ne m'aime, ici... nulle part...»
«C'est précisément parce que plus personne ne vous aime que je me tiens ici. Vous êtes une réprouvée. La Société ne veut plus de vous, tout le monde vous hait, et je conçois la dimension dévastatrice de cet état de fait. Ce que vous avez fait est terrible. J'ai grand mal à vous défendre mais je vous comprends. Je vous comprends parce que vous êtes un être humain. Et si plus personne ne vous regarde en tant qu'être humain, si plus personne ne vous considère en tant que tel... alors vous n'êtes plus humaine ! Mais si vous n'êtes plus humaine, alors il y a une brèche dans l'humanité et sa justice. Car si certaines personnes perdent le privilège de l'humanité, alors le caractère universel de la justice et des choses n'a plus aucun sens. Je vous défends mais je ne vous excuse pas. J'admets que vous soyez condamnée, j'admets que vous finissiez vos jours en prison, c'est probablement ce qu'il va se passer et je ne peux rien y faire, mais jusqu'à la fin de ce procès, jusqu'au dernier recours que nous épuiserons, jusqu'au dernier regard que nous échangerons, je m'opposerai à ce que l'on vous traite comme un animal. Et ce dernier regard que je vous donnerai, j'aimerais que vous le voyiez bien et que vous vous en souveniez, parce que je veux que l'humanité se reflète en-dedans, je veux que vous considériez qu'il existe toujours, quelque part dans ce monde terne et gris, foulé d'impasses, d'obstacles et de misère, qu'il existe toujours au moins un être humain qui vous sait humaine.»Que ma plaidoirie soit, dans les lieux sans amours,
Où l'on trime, où l'on saigne, où l'on crève de froid,
Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds,
Comme un café noir au point du jour,
Comme un ami rencontré sur le chemin de croix.
Pour qui plaider en vaudrait-il vraiment la peine ?
Si ce n'est pas pour vous dont je rêve souvent,
Et dont le souvenir en moi est comme un bruit de chaînes,
La nuit s'éveillant dans mes veines,
Et qui parle à mon cœur comme au voilier le vent.
- La lettre de suicide de Milton Brand:
- Lettre manuscrite écrite sur un support papier officiel du Federal Bureau of Investigation.
Reçue à la mi-juillet 2013.Milton Brand
25th, Lambton Quay
City of Wellington
Commonwealth of New ZealandOrren Brand
1250th, Stanford Boulevard
Baton Rouge, BR Parish
State of LouisianaÀ ORREN
Cher Orren,
Tu ne sais pas que je me trouve à l'heure où j'écris cette lettre en Nouvelle-Zélande. J'ai déposé mes congés dans l'innocence la plus totale et je me suis envolé directement, depuis la Nouvelle-Orléans, après que nous nous ayons passé le week-end ensemble. Tu sais pourquoi je m'y suis rendu, n'est-ce pas ?
Je crois que le jeu est fini. Il n'y a plus vraiment besoin de tergiverser. Tout cela m'a épuisé.
Je suis allé voir la femme et la fille que j'ai abandonnées lorsque j'ai quitté la Nouvelle-Zélande en 2008 après un long séjour professionnel. Je les ai épiées sans leur parler. Elles se portent bien. Elles toucheront l'intégralité de mon patrimoine. Je t'offre cependant le ranch en Utah. Il te revient.
Ces mois de spectacles, ce badge d'agent fédéral. J'aurais pu vivre avec une famille, surpasser la solitude, vivre de manière sentimentale et complète. Les armes, le pouvoir, les conflits, les intérêts, la Loi se plient lorsque l'on songe qu'on aurait pu vivre avec ceux qui nous sont chers. Vivre...
Il est accablant de se réveiller chaque matin avec comme première pensée celle de la souffrance qui nous attend, indéfinie et tourbillonnante. À savoir que si l'on ne fait rien, les jours s'enchaîneront avec la même blessure purulente. Continuer à souffrir et à grogner comme un chien en phase terminale au fond d'une fourrière délabrée.
La rancoeur est déjà quelque chose de particulièrement contre-productif. La haine est une mobilisation inutile de son énergie, de même qu'elle ne mène à rien. Alors, la rancoeur contre soi...
Demain, je vais aux falaises. Celles où nous étions allés lors de ton escapade en Nouvelle-Zélande. Tu te souviens ? Les fjords, le calme, le silence. Je crois que c'est là-bas que je terminerai le spectacle. Un bel endroit où vivre ne peut être qu'un parfait endroit où mourir.
Je suis lessivé. En plus d'avoir raté cette occasion de vivre, ces derniers mois ont vaincu tout ce qu'il y avait de bon en moi. À côtoyer les pires ordures que la Terre ait pu compter... ces gens avides de pouvoir et d'influence, obnubilés par leur ego. Tout était d'une telle violence. Ce n'est pas tant que le crime. Le crime est au fond une forme banale de violence. Mais la violence qui plane, qui rode. Cette ville est une poudrière mouillée. Elle n'explosera pas, engluée dans sa léthargie, mais elle continuera à être inhabitable. J'abandonne.
Il n'y a rien de valeureux à servir cette ville ou ses institutions. Toutes les personnes impliquées ici ont commis des immoralités. Tous ces gens, cintrés dans leurs uniformes et leurs smokings, crachant leur haine à chaque seconde de chaque minute, ces gens-là feraient du plus honnête et travailleur homme un clochard assermenté. Cette ville est une gabegie humaine. Je suis quelqu'un de trop niaisement attiré par le bien pour ces agents du Diable. Avec moi l'une des rares lueurs d'éthique s'éteint.
J'aurais aimé faire autre chose. Ne jamais rentrer aux États-Unis. Mener ma vie là-bas. Je serais mort entouré, aimé et aimant, comme tous les hommes bons.
Il est temps de se dire au revoir, Orren. Il exista malgré tout des moments de complicité. Et ce sang qu'est le nôtre, non ?
Tu sais que je ne suis pas attaché aux honneurs. Mais à l'honneur, oui. Je te fais confiance pour garder ce qu'il reste de noble à ma vie, à en entretenir la mémoire. Si cela n'est pas une trop lourde charge. J'en doute.
La vie était un beau projet.Le Directeur Exécutif du FBI à l'Antenne de Los Santos,
Milton BRAND.
Dernière édition par Orren Brand le Mar 25 Nov - 2:09, édité 26 fois
Invité- Invité
Jésus Christ- Banni du forum
- Messages : 123
Date d'inscription : 29/05/2014
Re: Orren Brand: we shall overcome
Belle plume, j'ai du relire plusieurs fois pour tout comprendre. (Oui j'aime lire tôt le matin!)
Mary Tidwell- Messages : 9972
Date d'inscription : 25/09/2013
Second personnage : Peter Conower
Re: Orren Brand: we shall overcome
Ouaw, j'ai vraiment aimé ! Ta façon d'écrire est différente de la mienne, mais je te lève mon chapeau. Continue comme ça mon petit "Rand ".
Marzia Tessitore- Messages : 4651
Date d'inscription : 28/11/2011
Re: Orren Brand: we shall overcome
Cette façon d'écrire les choses telles qu'elles sont me rappel un petit peu Stephen Kung.
Bien foutu cette histoire, ça se lit tout seul.
Bien foutu cette histoire, ça se lit tout seul.
Invité- Invité
Re: Orren Brand: we shall overcome
Merci beaucoup. Vos commentaires me font plaisir.
Petit ajout, un clin d'oeil à ce bon vieux Milton.
Petit ajout, un clin d'oeil à ce bon vieux Milton.
Invité- Invité
Re: Orren Brand: we shall overcome
Façon d'écrire digne d'un érudit, chapeau oui.
Zachery Lemieux- Messages : 2152
Date d'inscription : 19/03/2012
Ancien Prenom_Nom : S.V D3
Re: Orren Brand: we shall overcome
Mais pourquoi la lettre se retrouve dans les dossiers du FBI ? Ça vient des agents qui surveillent les autres agents ? O_o
Invité- Invité
Re: Orren Brand: we shall overcome
J'imagine que Milton se balade avec du papier à lettre et qu'il a écrit cette lettre lui-même. Du papier à lettre officiel, avec le logo. Mais en effet, IC la lettre n'a pas été interceptée. Elle fut reçue par Orren seulement, par voie postale classique.
Le "papier à lettre officiel" permet de contextualiser la chose.
Le "papier à lettre officiel" permet de contextualiser la chose.
Invité- Invité
Re: Orren Brand: we shall overcome
La main toujours robuste (Roderic).
Ray Spillane- Messages : 1814
Date d'inscription : 25/06/2012
Ancien Prenom_Nom : le tar
Re: Orren Brand: we shall overcome
Parfait !
Remy Guerri- VIP
- Messages : 1283
Date d'inscription : 17/07/2014
Re: Orren Brand: we shall overcome
Trés trés bien.
Daquain Shilton- VIP
- Messages : 2742
Date d'inscription : 13/08/2013
Re: Orren Brand: we shall overcome
Hé bah dit donc, tu a la plume de Voltaire à ce que j'en vois. Bravo.
Michael Lewandowski- VIP
- Messages : 1355
Date d'inscription : 02/04/2014
Second personnage : Jean_Neypa
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