Malcolm Jenkins - L'histoire d'un type bien : MàJ 24/03/2014

par Jermaine Wadsworth Lun 10 Mar - 18:53

En posant le pied sur le trottoir d'Idlewood Boulevard, sortant du bus, Malcolm se dirige d'une dégaine nonchalante vers sa maison, il salue sur le passage quelques personnes de son âge, de la tête. Au loin, il posera son regard, ébahi devant une magnifique berline allemande, aux vitres teintées, lors de son passage, il s’exclamera d'un ton envieux :
« Real G shit, uh ! »
Une fois arrivé chez lui, il se précipitera dans sa chambre, jetant son sac juste à coté de la porte, s'empressant de rouler un bédo de Queen Green et de se mettre à la recherche d'un vieux magnétophone stocké sous son lit depuis plusieurs années.

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« Yo, yo, ça enregistre là ? Mmh. Ouais, ouais alors.. Mon nom à moi, c'est Malcolm Jenkins, j'vis avec ma mère dans une des maisons près des blocks d'Idlewood, d'ailleurs j'y suis même né, dix sept ans qu'j'galère dans c'quartier, c'est pas tout les jours facile de vivre dans un quartier qu'est mené par un gang, mais bon, on s'y fait. J'ai jamais connu mon père, ma mère m'a dit y'a pas si longtemps de ça qu'il était parti au trou pendant qu'j'étais dans son ventre, à c'qu'il parait c'était un Piru, mon cul ouais, j'y crois pas du tout, parait aussi qui va sortir sous peu, j'attends d'voir sa réaction quand y m'verra. Enfin, là, on s'éloigne.. Qu'est c'que j'peux te dire d'autres, ah, ouais, j'suis au lycée d'Richmond, là-bas j'suis l'un des seuls negro du ghetto, et les latinos des autres quartiers y en a pas des masses non plus, alors ça va, j'arrive à m'faire un peu d'argent en r'vendant d'la weed aux gosses de riche, c'est comme ça qu'j'arrive à bien m'sapper m'aha ! Si t'écoutes c'te cassette tu dois t'demander pourquoi j'suis là comme un con à déballer ma vie, moi même j'sais pas, mais vas-y mon pote, si tu continues à m'écouter, c'est qu'j'dois avoir une vie plaisante, m'ah ! Nan, en vrai, j'ai beaucoup d'choses qui m'passe par la tête, j’espère qu'en f'sant ça, ça m'aidera, j'fais une genre d'connerie d'thérapie.. BULLSHIT! »

On peut entendre une légère musique en fond sur la bande::

« Hu-hum.. Yo, il doit être environ quinze heure, j'viens de sortir des cours, et depuis quelques jours, les choses se passe plutôt bien, même très bien, héh. L'argent rentre encore plus rapidement qu'avant, j'ai d'quoi m'payer mon permis, mais rien à foutre, j'veux un caisse, faut qu'j'me démerde pour en trouver une pas mal pour pas grand chose, et rien à foutre si y'a des traces de sperme à l'arrière, ça j'm'y poserais jamais d'toute façons, m'haha, j'pensais pas rallumer c'putain d'dictaphone, mais au final, j'trouve qu'c'est pas un si mauvaise idée d'raconter tout c'qui m'trote dans la tête, alors euh, bah j'continue..
Ma mère a trouvé les billets d'la revente en d'ssous d'mon lit, pendant AU MOINS trente putains d'minutes, elle.. *léger blanc* Elle a pas arrêté d'parler d'mon père, m'disant qu'j'devais pas finir comme lui, mais merde yo, elle m'en a jamais parlé d'ce gars là, pour moi, J'AI PAS DE PÈRE, uh. D'toute façon, elle m'a dit qu'il allait bientôt sortir.. J'aim'rais bien voir c'qu'il m'dira, chié..
Sinon j'me rapproche de plus en plus de Jay'D, un Piru du quartier, j'pense que c'est une bonne chose pour moi ouais.. C'mec la connait presque toute les ficelles de la rue, et avoir un mec comme lui à mes côtés, c'est pas rien et j'suis pas mécontent qu'les choses c'passent ainsi, m'héh. D'ailleurs l'aut' jour, j'lui ai sauvé la vie qu'il m'a dit, c'negro est cardiaque, c'est bizarre d'croire qu'un mec comme lui peut être fragile du cœur, m'enfin bon.. J'espère qu'ce mec va m'faire décoller, j'veux d'la thune..
J’espère que dans moins d'un putain d'mois, j'aurais ma putain d'place dans c'quartier, j'veux qu'on m'connaisse, qu'on sache qui j'suis, et ça, rien à foutre d'comment j'dois m'y prendre, du moment qu'j'y arrive. J'veux être d'plus en plus en place, et surtout avoir une PUTAIN D'BAGNOLE pour être plus dépendant des autres et des salop'ries d'transports en commun. »

On peut entendre une légère musique en fond sur la bande::

« Il doit être minuit, j'arrive pas à fermer les yeux, j'repense à cette putain d'soirée, merde, comme quoi, quelques paroles suffisent pour faire changer toute une vie..
D'puis quelques jours, fallait qu'j'dépense l'fric de la revente, j'cherchais un calibre, mais putain, j'sais pas si c'est la période ou quoi, mais c'est plus dur qu'j'pensais d'en dégoter un, chié.. J'suis allé voir un vrai G', un mec qu'en a dans l'slip aha, D', il m'a dit qu'il pouvait m'en avoir un.. Dans le quart d'heure qui suivait, j'me retrouvais dans son salon, la pression montait, enfin j'allais avoir un putain d'flingue à moi, une putain d'marche qu'j'venais d'monter, ouais. Il a sorti le calibre d'en dessous d'un coussin du sofa et m'le refile dans en mains propres. J'étais enfin armé mais j'avais une bonne partie d'mes bénéfices envolés.. Jusque là tout était normal, enfin, presque, pas tout l'monde va chopper un flingue, héh..
En r'partant, D' m'a dit d'm'assoir, il voulait m'poser des questions qu'il m'a dit. Il a commencé à m'demander avec qui j'trainais, et j'lui ai expliqué qu'c'était pas aussi simple d'être pote avec moi, ouais, héh, j'suis une putain d'galère. Pis il a commencé à m'poser des questions plus délicates, pour m'tester ouais, j'pense qu'il m'voit rejoindre les Pirus, en m'disant qu'c'est une deuxième putain d'famille, où tout le monde est frère, personne s'fait d'coup d'pute, et qu'en plus de ça, j'pourrais gagner encore plus de sous.. Mais voilà, c'est pas si simple, si j'les rejoinds, j'm'éloign'rais d'ma mère, encore aujourd'hui à table elle m'a parlé d'mon père, m'disant qu'j'dois à tout prix finir mes études et surtout pas finir comme lui.. Mais merde, va lui expliquer qu'tu gagnes plus expliquer qu'dans la rue un p'tit branleur peut faire 10 fois la paye d'un mec qui s'casse le cul..
J'sais toujours pas comment cette histoire va s'finir, mais une chose est sûr, c'est qu'cette soirée va m'marquer.. »

On peut entendre une légère musique en fond sur la bande::

« En deux putains d'jours, j'pensais pas faire autant d'chose, j'pensais pas qu'il m'arriv'rait autant de trucs, merde..
Sam'di soir, Deebo m'a dit d'aller chez lui, j'savais c'qu'on allait faire, d'ailleurs, j'en avais pas dormi la veille, trop d'pression, chié.. Alors une fois chez lui, on s'est mit au point, j'avais mon calibre, j'faisais que d'le mater, j'me souviens, j'avais roulé un gros joint d'beuh pour m'détendre, j'sais pas si c'té la meilleure chose à faire, héh.. Quand on est monté dans la tire, j'ai senti la pression peser encore plus sur mes épaules, j'me souviens, il f'sait sombre, on roulait sur Ganton, pis là, sur l'bord de la route, on a vu un groupe d'latinos. On s'est arrêté à l'autre bout d'la rue, et on s'est mit au point. Pis là, c'était le moment, j'ai ouvert ma fenêtre en vérifiant bien qu'la sécurité d'mon flingue était bien enlevé, et pis.. BAM BAM BAM BAM.. Au moins six latinos au sol, ouais.. Y'avait du sang d'partout, de PARTOUT, une putain d'boucherie, j'ai du leurs lâcher vingt balles.. J'te jure qu'après ça, ma vie s'est arrêté, j'ai lâché l'flingue et j'ai plus pété un mot, j'étais choqué par c'que je venais de faire, ça craint, merde.. Une fois arrêté, Deebo et Shad nous ont r'gardé, moi et Ivory, merde d'ailleurs j'étais surpris d'voir ce négro avec moi pendant l'drive-by, mais bon ça m'a rassuré.. Enfin bref, yo, j'disais donc qu'une fois arrêté, les Pirus nous ont d'mandé comment qu'ça s'était passé.. J'ai même pas eu l'temps d'répondre yo.. J'ai dégueulé mes tripes pendant cinq salop'ries d'minutes, ouais.. Et d'un coup j'vois pas les flics débouler, merde, à peine remis j'ai du partir en cavalant.. J'ai jamais autant sprinté d'ma vie, j'en pouvais vraiment plus, à un moment, j'me suis retrouvé coursé par un putain d'bleu, j'ai failli l'flingué mais c't'enfoiré m'a tazé avant même que j'me r'tourne, ils sont rapides ces cons là.. Du coup j'me suis fait serré, ces trous d'uc m'ont suspecté pour cinq faits dont tentatives de meurtre sur agent, mais j'sais pas comment j'ai fait, j'ai reussi à m'sortir de c't'affaire, j'y croyais pourtant plus trop, il avait oublié d'me citer mes droits, c'est sûr'ment à cause de ça.. Avec toute cette merde, j'ai même pas pu penser aux connards qu'j'avais allumé y'a même pas une heure, remarque, c'est tant mieux..
Le lend'main soir, j'étais convoqué au Beat-In,un putain d'grand pas dans la vie d'la rue pour moi, en quelques jours, j'avais convaincu tout les gens qui croyaient pas en moi en montrant c'que j'valais, yo, ils savaient pas qu'j'étais un putain d'VRAI negro qu'en avait dans l'froc, ouais.. L'même soir, Ivory et Terry ont rejoins la famille, comme moi, on a su montrer c'qu'on vallait, et après ça putain, on s'est prit un putain d'tabassage, le rituel d'entrée quoi.. Maintenant, j'suis fier de dire qu'j'serais bientôt un putain d'PIRU, un fou, yo. »